mercredi 29 octobre 2008

Jacques Haumont, Fornax, L'Alamblog


Le blog de Fornax signale un blog sur Jacques Haumont. Faites comme moi suivez le conseil de Christian Laucou et visitez le vite. Sur ce blog la typographie est reine, la bibliophilie ni hautaine, ni élitiste, la littérature servie par le travail bien fait, le bon goût y voisine l'érudition sans prétention. Jacques Haumont à publié ou imprimé plus de 300 ouvrages, on peut en télécharger la liste complète à partir du blog. Le tout est superbement réalisé par Philippe Haumont, fils de Jacques.
Mais le blog de l'éditeur, imprimeur, typographe Christian Laucoux, ne se contente pas de donner de bonnes adresses. Dans un récent billet il rappelle l'expérience réalisée entre 1918 et 1920 par Jeanne Landre, Francis Carco, Pierre Mac-Orlan et André Salmon : se partager deux héros, Bob et Bobette, et écrire chacun un livre contant leur histoire. Les couvertures de Gus Bofa, Joë M. A. Fournier, Chas Laborde, Ciolkowski, sont reproduites.
Ne passez pas par ce blog sans visiter le site de l'éditeur, on y retrouve le catalogue des éditions du Fourneau, devenue Fornax, et des tas de surprises à découvrir, comme cette bibliographie évolutive pour une Bdc déjà signalée.


L'Alamblog accueille Marc Dachy, qui dans un article polémique, intitulé Une avant-garde ridicule, nous offre un ensemble de notes et de commentaires sur le futurisme, ses tenants et ses aboutissants. Notes d'une pertinence peu commune, qui espéront le, susciteront la discussion.


Albert GLATIGNY à la Brasserie par Catulle Mendès



Albert Glatigny fut une figure importante et pittoresque du Parnasse. Plus que son oeuvre, sa vie de misère et de bohême, sa figure de poète et de comédien ambulant ont fait de lui un personnage de roman, Catulle Mendès, dans La Première Maîtresse (Charpentier et Cie, 1887), le peint sous les traits de Straparole.

« Il était allé, deux ou trois fois déjà, avant sa maladie, dés son arrivée à Paris, dans ces cafés, dans ces brasseries célèbres, dont elle parlait avec mépris ; il avait vu, d'un peu loin, osant à peine prendre sur lui de s'asseoir à leurs tables, tout ces gens qu'elle dédaignait : Straparole, le comédien-rimeur, fantasque et superbe, héroïque et bouffon, improvisant des ballades et faisant ensuite, de sa bouche de satyre,grande ouverte, pareille à une sébile, des quêtes de baisers aux lèvres des belles filles [...]»

Pages 70 – 71

« Tétons-de-Bois, belle fille, entra dans la Brasserie.
- Jeune fille ! Cria Straparole, tu vas venir t'asseoir à ma table, tout de suite, en moins de temps qu'il n'en fallait à Procné, princesse emplumée, pour franchir l'Eurotas où se mirent les lauriers-roses ; et, uniquement occupée de contempler ma face pareille à celle d'un faune d'Erymanthe, charmée jusqu'à l'oubli de toute autre musique par le bruit d'invisible lyre qui chante dans ma voix, tu dédaigneras ces mortels sans génie qui nous entourent. Ils ne méritent pas que tu t'aperçoives de leur présence, étant de vils prosateurs. Mais, moi, je suis doublement digne d'être adoré par toi, déesse ! Puisque je suis poète, et cabotin. J'ai deux gloires comme un cygne a deux ailes. Je te dirais des odes qui charment et enivrent non moins qu'un vin parfumé de roses :

Assez de plaintes sérieuses
Quand le bourgogne a ruisselé,
Sang vermeil du raisin foulé
Par des bacchantes furieuses...

Ou bien, si tu préfères (tu préféreras peut-être, ange plein d'ineptie !) je te réciterai la grande tirade de M. Germont, notaire, au quatrième acte de La Famille pauvre : « C'est une chose véritablement triste pour un vieillard que toute une vie de travail et de probité recommandait à l'estime de ses concitoyens, de voir s'avilir en un moment un demi-siècle d'honorabilité, parce qu'il engendra des enfants qui mettent syr ses cheveux blancs une couronne d'infamie ! » Car, répétons-le, muses héliconiades ! Je suis une espèce de Thespis ; je tiens de Pindare, poète lyrique, et d'Aristodème, acteur de satyres, de Catullus et de Roscius ; je serais pareil à Molière s'il rimait mieux, à Shakespeare, s'il ne s'était obstiné à écrire ses drames en anglais, une langue que personne ne comprend. Je ressemble en même temps à M. de Laprade, de l'Académie française (mais j'ai plus de talent que lui !), et à M. Mélingue, de la Porte-Saint-Martin (seulement je joue les pères nobles !), et si jamais tu me fais l'honneur de me suivre, Ô Tétons-de-Bois, nymphe bien nommée, dans les salons des ambassades, où je hante communément après la fermeture des cafés de Montmartre, tu entendras parmi les murmures d'admiration qui accompagneront notre passage : Voyez ! Voyez ! Voyez ! Celui-ci c'est Straparole, c'est le mortel honoré des dieux mêmes, de qui tous les vers ont été refusés à la Revue des Deux Mondes, et qui a été sifflé à Brives-la-Gaillarde !
En parlant ainsi, debout, long, maigre, et s'allongeant encore comme ces fantoches de tréteaux dont se développent infiniment les bras, Straparole, en un débraillement magnifique de parole, de geste, d'habit, écarquillait ses yeux allumés, ouvrait toute grande sa bouche sensuelle et heureuse, où riaient les claires dents ! Un peu gris ? Point du tout ; continuellement éperdu, il ne buvait guère que de l'eau pure ; toujours l'air d'être soûl, il était sobre ; Pierre Labaris disait : « Straparole est ivre tous les matins du nectar qu'il a bu en songe » et, là, ce soir, pareil à lui-même, lyriquement fantasque, héroïque et comique, il y avait sur toute sa face osseuse et luisante de sueur, ce double épanouissement, qui fut son génie, la joie et la bonté ! [...] »
Pages 83 à 86


Lire sur Livrenblog : Un chapitre de La Première Maîtresse, La Brasserie : Léon Bloy par Catulle Mendès

lundi 27 octobre 2008

BELZ de VILLAS : CONTES NATURALISTES [1882]

En 1882 paraissent des Contes Naturalistes, signés de Belz de Villas, ils sont dédiés à Emile Zola (1). Politesse, intérêt pour les tentatives isolées d'un jeune provençal ? Zola envoie une anodine lettre de remerciement, le maître de Médan y souligne la jeunesse et la plume inexpérimentée de son correspondant, ne faisant par cela que reprendre les termes même de la dédicace de Belz. La lettre ne sera pourtant pas perdue, la couverture du volume suivant du marseillais Belz de Villas ne porte même pas le nom de son auteur, peu utile à la vente, illustrée d'un dessin en couleur, une jeune fille dénudée sous les yeux d'un chérubin, elle portera pour seule indication : Amour avorté, Précédé d'une lettre d'Emile Zola. Recycler la lettre reçue d'un écrivain célébre en lettre-préface, n'est pas un procédé nouveau et aura de nombreux adeptes. En 1884, pour Sous le ciel bleu, Belz de Villas rééditera l'opération, le volume sera précédé d'un autographe d'Emile Zola. En pleine vogue Naturaliste, Les Soirées de Médan ont été publiées en 1880, Belz de Villas, utilisera cette étiquette nouvelle et vendeuse, pour se "lancer" dans les lettres. Même avec le patronage de Zola, Belz de Villas n'obtiendra jamais la renommée, fut-elle modeste, des plus obscurs de l'école Naturaliste.


(1) A Monsieur Emile Zola / A vous, très cher maître, l'hommage de ces Contes d'une jeune plume inexpérimentée, qui réclame toute votre indulgence. / Belz de Villas.

jeudi 23 octobre 2008

La Bibliothèque : J. Lorrain, Montesquiou et les autres



Les chroniques de Jean Lorrain publiées dans l'Echo de Paris en 1893 étaient restées inédites, Eric Walbecq comble cette lacune, avec Petits Plaisirs. La Bibliothèque, éditions dirigées par Jacques Damade, dans sa collection les Billets de La Bibiothèque ont accueillies ces articles sur les divertissements populaires dans le Paris de la fin du XIXe siècle. On connaît l'attirance de Lorrain pour le "populaire", sa tendresse même, pour le petit peuple grouillant des faubourg ou des ports, pour les classes laborieuses ou les classes dangereuses, pègre ou prostitution (cf La Maison Philibert), une sympathie qui ne gomme pas complètement son regard caustique sur la société, la cruauté de ses portraits. Les amateurs de Jean Lorrain et de Venise trouverons aussi à La Bibliothèque, son magnifique texte sur la Cité des Doges.






Dans la même collection Jean-David Jumeau-Lafond, présente Professeur de Beauté, un recueil d'articles et de correspondance de Marcel Proust et Robert de Montesquiou. Modèle de Charlus et de Des Esseintes, esthète, mondain, le comte Robert de Montesquiou, fut souvent la cible des caricaturistes et journalistes, il est devenu un "personnage", l'image du dandy fin-de-siècle. Au-delà des anecdotes biographiques, ce volume permet de découvrir un autre Montesquiou à travers ses propres textes et ceux de Proust.


Le catalogue de La Bibliothèque propose bien d'autres titres alléchants comme ces Vies parallèles de Blaise Cendrars & de Charles-Albert Cingria par Bernard Delvaille, ou cette anthologie proposée par Jean-David Jumeau-Lafond, Naissance du fantôme, un choix de textes de Poe, Villiers de l’Isle-Adam, Jean Lorrain, Jules Bois, Georges Rodenbach, Camille Mauclair, Édouard Dujardin, Huysmans, sur les manifestations surnaturelles, en vous promenant dans cette Bibliothèque, vous pourrez vous arrêter devant les Paysages animés de Gaston de Pawlowski, et découvrir ainsi qu'il ne fut pas l'auteur d'un seul titre, le merveilleux Voyage au pays de la quatrième dimensions.




vendredi 17 octobre 2008

NOS MUSICIENS (suite) par WILLY et BRUNELLESCHI



Avant de reprendre la série Nos Musiciens publiée dans l'Assiette au Beurre par Willy et Brunelleschi, un dessin d'Ostoya extrait de la même revue (L'Assiette au Beurre de la gent de plume, N° 461, 29 janvier 1910), où un Willy de dos se refuse, pour une fois, à signer un texte qui n'est pas de lui.



LES SCRUPULES DE WILLY
- Alors vous ne signez pas cette pétition ?...
- Je ne puis signer une chose qui n'est pas écrite par moi.
- C'est la première fois que cela vous arrive !


NOS MUSICIENS suite


MASCAGNI
Il musique à tour de bras les Iris, les Amico Fritz, les Rantzau, sans retrouver le triomphe de Cavalleria Rusticana. Ivre de son propre (?) Piccolo Spumante, ce mégalomane s'intitule « chef du Vérisme » alors qu'il patauge dans la première manière de Verdi, nigaudement. Si non e verisme, e benêt Trovatore.



BRUNEAU
Chérit Zola jusqu'à lui ressembler, en laid. Le moins musical de tous les compositeurs. Il se plait aux mélodies enchiffrenées, aux suites de quintes, aux symboles pituiteux.



BOÏTO
Les poètes vantent sa musique, les compositeurs louent ses vers, mais le Néron, l'Orestiade, et même le Mefistofele de Tobia Garrio – anagramme : que me veux-tu ? - dénotent un Milanais qui pastiche gauchement l'Allemagne et rate ses macaronis à base de choucroute.


LEONCAVALLO
Napolitain besogneux. Musiqua une façon d'autobiographie, L'Avide Bohème, et d'ignobles Paillasse... à soldats, dont l'Opéra a l'aplomb d'annoncer le nauséeux étalage. Ce sous-Puccini travaille présentement, avec l'Empereur Guillaume, à un Roland berlinois. Chacun d'eux méprise son collaborateur. Tous deux ont raison.


VIDAL
Un flegme anglo-saxon cuirasse ce Toulousain, qui aime caresser sa barbe flave et ses belles interprètes. Chef d'orchestre épatant. A composé, avec la collaboration du baron de Reinach, un ballet orographique qu'il recommande assidûment au bons soins de Gailhard. « Qui joue ma Maladetta m'enrichit ».

Extraits de L'Assiette au Beurre N° 78, du 27 septembre 1902.

Nos Musiciens 1ère partie

Willy sur Livrenblog : Cyprien Godebski / Willy. Controverse autour de Wagner. Les Académisables : Willy. Une photo de Mina Schrader, esthéte et anarchiste. Willy, Lemice-Terrieux et le Yoghi. Romain Coolus présente quelques amis. Colette, Willy, Missy - Willy, Colette, Missy (bis). Pourquoi j’achète les livres dont personne ne veut ?. Le Chapeau de Willy par Georges Lecomte. Nos Musiciens par Willy et Brunelleschi. Willy l'Ouvreuse & Lamoureux. Quand ils se battent : Willy et Julien Leclercq. Willy préface pour Solenière par Claudine. Léo Trézenik et son journal Lutèce. Jean de Tinan, Willy, petite revue de presse. En Bombe avec Willy. Maîtresse d'Esthètes par Papyrus. Quand les Violons sont partis d'Edouard Dubus par Willy. Le Jardin Fleuri. R. de Seyssau par Henry Gauthier-Villars. Willy fait de la publicité.

Brunelleschi sur Livrenblog :
Ernest La Jeunesse - La Foire aux Croutes
Ernest La Jeunesse - La Foire aux croutes suite

NOS MUSICIENS par WILLY et BRUNELLESCHI


NOS MUSICIENS 1ère partie

Willy, encore lui, ne fut pas seulement le père des Claudines, le mari de Colette, le "directeur" d'un atelier d'écrivains où se confectionnèrent nombre de roman "gais" avec la collaboration de Curnonsky, Paul-Jean Toulet, Jean de Tinan, Xavier-Marcel Boulestin, Francis Carco, Pierre Veber, Paul Acker, Armory, Christian Beck, Sylvain Bonmariage, Georges Docquois, Théo Varlet et tant d'autres, il fut aussi, mélomane avisé, et wagnérien fanatique, l'auteur des chroniques musicales signées L'Ouvreuse (La Colle aux Quintes, Accords perdus, Rythmes et rires, Bains de sons, La Mouche des croches, Notes sans portée, Entre deux airs, L'Ouvreuse du Cirque d'Eté, La Ronde des Blanches, Garçon l'audition !) auquelles collaborèrent parait-il, Alfred Ernst, Pierre de Bréville ou Emile Vuillermoz. Dans le numéro de L'Assiette au Beurre N° 78, du 27 septembre 1902, intitulé Nos Musiciens, il signe les légendes accompagnant les caricatures de Umberto Brunelleschi (signées de son pseudo Aroun al Rascid).

CHARPENTIER :
Avant de décrocher le prix de Rome sauveur, en 1887, l'auteur de la Vie d'un Poète couchait dans une carrière ; il a bien fait la sienne depuis. Robuste et caressante, sa vigueur ne doit rien à Wagner, et sa grâce, Dieu merci ! Se démanssenettise. - Les deux cent mille francs rapportés par Louise ont laissé au compagnon Charpentier cette dégaine de rapin anarcho, qui lui vaut tant de coeurs féminins, à Montmartre ; mais, pas d'erreur, les falzards à carreaux n'y font rien, c'est un artiste, un vrai : son écriture, de netteté impeccable, sait s'alanguir en indolences exquises ; trop fin pour condescendre aux vacarmes faciles, ressource de tant de frénétiques impuissants, qui tirent des pétards dans leur orchestre et s'évertuent en fusées vite éteintes, ses négligences sont ses plus grands feux d'artifice. Entre deux couronnements de muse, il s'occupe de moraliser les midinettes, en leur procurant le théâtre à l'oeil.


Théodore DUBOIS
Déodatus Ligneus (Linné) qualifié par un de ses professeurs : pète-sec et pisse froid. Ressemble à un proviseur de petit ville, qui serait de la vache à Colas. Théodore compose moins, depuis qu'il bourdonne directorialement dans la ruche malsaine du Faubourg Poissonnière. Souhaitons qu'il n'en sorte qu'à sa mort. C'est, d'ailleurs, son boeu le plus cher. « Pour rester là, assure Courteline, il brûle des cierges, se couvre de gris-gris, collectionne des fétiches ».... Théodore cherche des amulettes.


SAINT-SAËNS
En 1838, le petit Camille, enfant prodigue, ébouriffait les mélomanes de la rue du Jardinet, en triturant les Pleyels avec des menottes impubères. A perdu son talent de pianiste et conservé une âme de virtuose. Wagnérien bougon, devenu réactionnaire grincheux, il n'ignore rien de ce qui s'enseigne, et pas un pédant d'outre-Rhin ne sait autant que ce Français clair, qui excelle dans la fugue..... jusqu'aux Canaries. Montre un goût sadique pour les plus effarants librettistes : Détroyat, Vacqueries, Mme Dieulafoy et lui-même !


WIDOR
L'auteur de Maître Ambross a les cheveux idem et la douce manie de se croire le Schumann français, bien que sa Nuit de Valpurgis ressemble à Faust, et ses Soirs d'Eté aux Lieder, comme Ponsard à Corneille. En fait, c'est le Fauré du pauvre. Il ne se vend plus guère ; pourtant, dans deux ou trois salons dont la musicalité se démode, il culmine encore. « Le Widor est toujours debout ! »

REYER
Un Marseillais moustachu, qui déteste les pianos et l'auteur d'Esclarmonde-où-l'on s'ennuie, qu'il surnomme, avec un mépris rageur « Mam'zelle Massenette ». Coutumier d'une orchestration pauvre, mais honnête, ce sous-off bourru est le seul à montrer, parfois, un peu de poésie ingénument vraie. Adore les tierces de flûtes et les gotons : « On m'a fait passer pour un homme à bonnes fortunes, répète-t-il volontiers. Quelle blague ! De la fortune, jamais ! Des bonnes, toujours! »


PLANQUETTE
Elève de Duprato. S'est fait aider par sa mère dans la perpétration des Cloches de Corneville. Seul, il a confectionné une hottée d'opérettes pas plus mauvaises que Rip et se demande pourquoi elles n'ont pas réussi comme lui. Je me le demande aussi. Mélodies pour piqueuses de bottines, orchestration à la bonne planquette.


LENEPVEU
Frère du peintre religieux, et plus rasant encore. Ce Normand constipé produit péniblement des Florentins, des Velleda, déjections musicales si nulles, si nulles, que ses collègues de l'Institut eux-même s'en aperçoivent...



PUCCINI
Ce transalpin roublard, aussi réservé que sa musique est tutoyeuse, a risqué une Manon Lescaut, qui ne recule pas, elle, devant la scène du Désert. (Qu'en pense Massenet ?) On peut lui reconnaître une certaine vivacité scénique, mais quelle vacuité instrumentale, quelles harmonies creuses que celle de la Vide Bohème !



WALDTEUFFEL
Ce nom, assure un lexique facétieux, désigne une catégorie de « Singes allemands ». Los et autres Violettes, servent si utilement les desseins de la Ligue pour la repopulation.

LECOCQ
Après avoir fait primer du contrepoint, en 1852, puis partagé un prix de fugue avec Bizet, il se cantonna dans les jovialités lucratives de l'opérette. Encore que, voulant souffler plus haut que sa bouche, il ait écrit quelques motets bassinants, tout comme un autre, et de la musicographie lourdement prétentieuse, il demeure l'Offenbach des familles.

MASSENET
Enfant chéri des dames. Ce Stéphanois talentueux reçut, en 1842; le prénom de Jules, et ne s 'en est pas consolé. Incessamment, il « courtise la muse » mais ne prend, pour lui faire un enfant, nulle peine, même légère. De là, certains ratages. Auteur d'une trentaine de partitions, dont la plus sincère est l'Adorable Sidi Belboul. Cet officiant religioso-critique pour mysticocottes, verse son eau bénite parfumée dans d'étranges porcelaines. En traîne de Wagner, pose, comme feu Gounod, pour adorer Mozart et répète : « Lui, c'est le maître ». Massenet n'est que la sous-maîtresse.


Nos Musiciens suite.


Willy sur Livrenblog : Cyprien Godebski / Willy. Controverse autour de Wagner. Les Académisables : Willy. Une photo de Mina Schrader, esthéte et anarchiste. Willy, Lemice-Terrieux et le Yoghi. Romain Coolus présente quelques amis. Colette, Willy, Missy - Willy, Colette, Missy (bis). Pourquoi j’achète les livres dont personne ne veut ?.
La Peur dans l'île. Catulle Mendès.
Le Chapeau de Willy par Georges Lecomte. Nos Musiciens (suite) par Willy et Brunelleschi. Willy l'Ouvreuse & Lamoureux. Quand ils se battent : Willy et Julien Leclercq. Willy préface pour Solenière par Claudine. Léo Trézenik et son journal Lutèce. Jean de Tinan, Willy, petite revue de presse. En Bombe avec Willy. Maîtresse d'Esthètes par Papyrus. Quand les Violons sont partis d'Edouard Dubus par Willy. Le Jardin Fleuri. R. de Seyssau par Henry Gauthier-Villars. Willy fait de la publicité.

Brunelleschi sur Livrenblog :
Ernest La Jeunesse - La Foire aux Croutes
Ernest La Jeunesse - La Foire aux croutes suite



jeudi 16 octobre 2008

BIRIBI de Georges DARIEN par G. Albert AURIER et ROSNY



La parution de Biribi, discipline militaire, chez Savine en 1890, et la révélation au grand jour des exactions commises dans les compagnies de pionniers de discipline, va obliger le gouvernement a supprimer les dits bataillons, remplacés par les bataillons disciplinaires, ainsi par un tour de passe-passe habituel aux démocraties parlementaires, le problème ne sera pas traité mais s'ornera d'une étiquette nouvelle. Grâce à Georges Darien les lecteurs de Biribi, vont découvrir que dans l'armée française, des hommes, des soldats sont torturés par leur hiérarchie, que des hommes se vendent pour un peu d'alcool, que la mort devient le seul espoir pour beaucoup de ceux qui furent envoyés dans ces bataillons de discipline pour des fautes souvent minimes. Le lecteur découvre l'enfer et n'en revient pas, certain refuse d'y croire. Biribi est un document, un témoignage même, puisque son auteur a vécu les épreuves qu'il décrit.


"Ce livre est un livre vrai. Biribi a été vécu.
Il n'a point été composé avec des lambeaux de souvenirs,
des haillons de documents, les loques pailletées des récits suspects. Ce n'est point un habit d'arlequin, c'est une casaque de forçat - sans doublure.
Mon héros l'a endossé cette casaque, et elle s'est collée à sa peau. Elle est devenue sa peau même.
J'aurais mieux fait, on me l'a dit, de la jeter - avec art - sur les épaules en bois d'un mannequin" (préface)

G. Albert Aurier dans le Mercure de France fait parti de ceux qui auraient préféré, que la langue de Darien fut plus châtiée, moins "bizarre", avant de constater qu'il n'eût pas été "logique, vêtir d'élégants brocarts le paria affamé de pain et de vengeance".

BIRIBI

Bravo ! Encore un coup d'épée dans le ventre de cette vieille sacro-sainte idole : l'Armée !... - Mais, l'Armée, Monsieur, c'est la patrie ! Et puis, vous ne le nierez pas, l'Armée est nécessaire ! - Le choléra aussi est nécessaire. Est-il pour cela défendu de le blaguer ou vilipender ? Ne vaudrait-il point mieux froidement discuter telles assertions, étudier les documents présentés ? Quant à moi, ô candide bourgeois, que vous anathématisassiez ou que vous n'anathématisassiez point les sacrilèges mangeurs de guerriers, et M. Darien en particulier ! Je constate seulement ceci : que l'armée me semble un peu trop redouter critique et discussion, pour avoir la conscience aussi nette qu'elle le clame. Quoi qu'il en soit, si les épouvantables faits racontés par M. Darien, dans Biribi, sont exacts – et j'ai cru reconnaître dans son livre l'indubitable accent de la vérité, - il est dès maintenant démontré qu'il existe, en plein XIXe siècle, des tortionnaires plus cruels, plus raffinés, plus atrocement lâches que les moines de l'Inquisition, et que ces répugnants torquemadas, à la fois juge s, gardes-chiourmes et bourreaux, sont des officiers, de ces courageux et nobles officiers français dont les culottes vermillon sont si chères à M. Prudhomme ! Oui, M. Prudhomme, lisez ce roman, et si, à cette tragique évocation des martyres compliqués et barbares, des féroces assassinements à coups d'épingles qu'on fait subir, là-bas, dans cette fournaise du Sud Algérien, aux pauvres Camisards, vous ne sentez pas vos moelles bouleversées d'un frisson, et si vous ne crachez point quelques injures indignées vers l'Armée et vers ceux qui vivent de l'Armée, c'est que vous êtes, ainsi que je l'ai toujours pensé, incurable. Biribi est un livre superbe, angoissant, terrifiant. L'écriture, certes, en est bizarre et, pour tout dire, souvent mauvaise. On y trouve à profusion des locutions – je cherche un mot cruel pour M. Darien – des locutions superlativement militaires : « Je me suis piqué le nez quelquefois » ; « pas plus adroit de mes main qu'un cochon de sa queue » ; « la fleur des pois des Chaouchs » ; « j'essaye de piquer un roupillon ». D'autres fois, au milieu de phrases très oratoires, on voit surgir des termes d'argot qui donnent l'idée d'un Bossuet retouché par M. Méténier, et souvent enfin on se heurte à de truculentes métaphores romantiques qui ont du faire tressaillir les squelettes de Théo ou de Petrus Borel : « jeter à pleines poignées, sur les éraflures que fait la pointe froide de la menace, le sel cuisant de l'ironie... ». « Elle a osé fourrer la Révolution dans la sabretache des généraux à plumets et jusque dans le chapeau de Bonaparte, comme elle a fait bouillir le grand mouvement des Communes dans le chaudron où les marmitons de Philippe-Auguste ont écumé une soupe au vin ». « La Société, vieille gueuse imbécile qui creuse elle-même, avec des boniments macabres, la fosse dans laquelle elle tombera, moribonde sandwich qui se balade, inconsciente, portant sur les écriteaux qui pendent à son cou et font sonner ses tibias, un gros point d'interrogation, tout rouge ». Mais ces tares de style, je n'ai point le courage de les blâmer. Je les aime presque. Eût-il été logique de vêtir d'élégants brocarts le paria affamé de pain et de vengeance, l'énergumène, fou de misère et de douleur et de rage qui, le corps et le coeur saignant sous ses loques, va hurlant ses malédictions et vomissant sa haine vers ses bourreaux ? Donc, ne faisons point l'inepte pédagogue, et constatons que Biribi est une barbare et vibrante épopée qui nous révèle des cercles de supplices plus nombreux et aussi effroyables que ceux qu'inventa le Dante.


G. Albert Aurier

Mercure de France, avril 1890.



J.-H. Rosny dans la Revue Indépendante, après avoir souligné les qualités d'observations de Darien, sa vision nette, s'inquiète de savoir si le récit est authentique.

Georges Darien montre dans Biribi, discipline militaire, mêmes facultés d'observations satirique qui distinguaient son roman de l'année terrible, Bas les Coeurs. M. Darien a une vision bien nette du bourgeois et de ses féroces ridicules, une vision non moins lucide de bassesses de l'homme quand les cruautés de la discipline et les inepties de chefs ratés pèsent sur lui. Il est poignant, au total, ce Biribi, plein de passages de terreur, qui laissent après eux une impression d'étouffement et de colère. Tout est-il authentique dans ce livre, rien n'est-il hyperbolisé ou déformé ? Nous souhaitons qu'ayant à traiter un sujet de cette importance, M. Darien ait écarté consciencieusement toute hypothèse comme tout document incertain.

J.-H. Rosny

Revue Indépendante, février 1890.




Lire : Georges Darien et l'Anarchisme littéraire de Valia Gréau. Du Lérot éd., Tusson, 2002, 453 p.

Georges Darien dans Livrenblog : Georges Darien : Maximilien Lucepeintre ordinaire du Pauvre. Georges Darien dans l'Almanach des Lettres Frçses.

J.-H. Rosny dans Livrenblog : Vamireh, roman des temps préhistoriques de J. H. Rosny par Jules Renard. Léon Bloy « catholique à la grosse tête » par J.-H. Rosny, "Catholique à la grosse tête" suite. J.-H. Rosny Revue Otrante. A. France : Rosny/Myron vu par Rosny/Servaise. J.-H. Rosny : Les Âmes Perdues. Anarchie fin de siècle. Un article de Marcel Martinet sur J.-H. Rosny dans l'Effort Libre.



Connaissez-vous les Editions SULLIVER ?


Belluaires et Porchers de Léon Bloy, Chroniques politiques de Guy de Maupassant, Georges Darien par David Bosc, Le Héros de Baltasar Gracian, Champavert, le Lycanthrope de Pétrus Borel, ce ne sont que quelques titres du catalogue, bien fourni, de la maison d'édition Sulliver. Si ce catalogue est tout d'abord bati autour des sciences humaines, il s'ouvre désormais aux textes de fiction. Une visite de leur site s'impose.

mardi 14 octobre 2008

LES HOMMES D'AUJOURD'HUI : André GILL par F. Champsaur



« Je vous en prie, mon cher Gill, ne cambrez pas tant votre taille, ne caressez pas vos cheveux sur votre tempe droite. Ils sont bien ainsi. Ne tordez pas votre fine moustache. C'est la moustache d'un grand seigneur, du marquis de Bruyères, telle que la peignit Théophile Gautier. Faites un peu moins saillir cette hanche, accentuez un peu moins la courbe harmonieuse de cette jambe. Plus de naturel, de laisser-aller. Vous pouvez vous placer sans façons. Il n'y a là près de vous que votre ami M. Tout-le-Monde, et moi, qui ne compte pas. Asseyez-vous ici, sur cette chaise, et à califourchon, obéissez, méritez la belle de nuit, emblème de modestie, que vous donne ce bon Grévin. Il n'est pas nécessaire d'en imposer. Soyez, comme vous l'êtes dans l'intimité, tendre, profond, familier, soyez vous-même simple et primesautier. Vous êtes ainsi. Pourquoi vous changer ? Ne bougeons plus. Je commence.
André Gill, cousin par la tournure d'esprit de Denis Diderot et de Frédérick Lemaître, est, d'abord, toujours un peu l'enfant enthousiaste et rêveur d'autrefois.
Ses parents morts, il habitait, tout petit, entre sa tante et son grand-père, comme dans un nid de vieux. En dehors de cet intérieur sénile, rien n'existait. Son grand-père, M. Blanc, ainsi qu'on l'appelait, je crois, car il avait changé de nom, étant devenu pauvre, son grand-père lui acheta un jour le Don Quichotte illustré. Ce livre fut le premier de Gill, le premier qu'il aima, celui qu'il aime toujours. Le second livre de Gill fut celui de Galland : les Mille et une Nuits. L'Orient et Don Quichotte, voilà le rêve de Gill ».

Ainsi commence la notice du N° 8 des Hommes d'Aujourd'hui, que Félicien Champsaur consacre à André Gill son collaborateur et co-fondateur de cette série de monographies illustrées commencée en cette année 1878. La première des quatre pages de la première série de ces fascicules étaient généralement orné du « portrait-charge » (1) par André Gill de la personnalité choisie. Gill a laissé quelques portraits de lui-même, mais pour cette fois, le numéro s'ouvre sur un portait de Gill par son confrère Grévin. Sous le second empire, Gill connaît la gloire avec ses illustrations pour le journal La Lune (1865-1868), puis pour L'Eclipse (1868-1876), ouvertement anti-bonapartiste et républicain il s'en prendra régulièrement au futur « sire de Fiche ton camp », après le siège et la Commune (durant laquelle il fut nommé conservateur du Musée du Luxembourg), il prendra pour cible Adolphe Thiers, dont les services de la censure seront intraitable avec le caricaturiste. André Gill rêvait de posséder son propre journal, ce sera fait avec La Lune Rousse (1876-1879). Sa collaboration avec Champsaur pour les Hommes d'Aujourd'hui durera quelques années, puis André Gill hanté par l'envie de gagner de l'argent, en proie à des crises de folies, sera interné à l'asile d'aliéné de Charenton où il meure en 1885. Mais Gill ne fut pas seulement peintre et caricaturiste, chansonnier et poète il fut membre des Hydropathes et fréquentera le Chat noir, seul ou en collaboration il signera des actes en vers, il est l'auteur de La Muse à Bibi un recueil de poésie argotique, ainsi que de monologues, il écrira ses souvenirs (Vingt années de Paris, 1883, Marpon et Flammarion) (2).


(1) Le terme, d'époque, me semble plus adapté que celui de caricature pour ces portraits où ce n'est pas tant la déformation où l'accentuation des traits, que les costumes, le décor et les éléments, « la mise en scène » du personnage qui nous informent sur celui-ci, et sur l'empathie ou l'antipathie de l'auteur pour son sujet.

(2) Bertrand Tillier, en 2006, chez Champ-Vallon, rééditera ces souvenirs accompagnés de la correspondance d'André Gill sous le titre : Correspondance et mémoires d'un caricaturiste.

Félicien Champsaur sur Livrenblog : Les Contemporains A. Le Petit F. Champsaur Messaline : Jarry - Dumont - Casanova - Champsaur / Félicien Champsaur : Poètes Décadenticulets / Nina de Villard par Félicien Champsaur. Carnet d'un clown par Félicien Champsaur. Le Dernier Homme par Félicien Champsaur.


Armand CHARPENTIER : L'INITIATEUR





D'Armand Charpentier (1864-1949) je sais peu de chose, les titres de sa bibliographie précédant L'Initiateur (1), semblent indiquer son intérêt pour les choses de l'amour et les rapports entre les sexes, le reste de celle-ci nous indique qu'il fut un libertaire, partisan de l'union libre (2), un fervent dreyfusard (3), l'historien du Parti radical (4), un pacifiste (5) ce qui l'entraînera comme de nombreux anciens dreyfusards (Ajalbert, Mauclair, Zévaès, Victor Margueritte) vers la collaboration durant l'occupation (6).

La lettre-préface d'Alphonse Daudet à L'Initiateur nous éclaire un peu sur ce curieux roman :


"Mon cher Confrère,
J'ai lu d'un trait votre manuscrit ; c'est vous dire que l'Initiateur est pour moi une oeuvre prenante, amusante, au sens le plus délicat, et que cette oeuvre aura certainement du succès.
Maintenant que je vous ai complimenté, il faut en plus que je vous félicite de n'être pas marié ; car vous risquier de donner à votre épouse le désir de connaître ce délicieux M. Stéphane, qualifié par vous magicien de voluptés - nous avions déjà l'Enfant de volupté, de d'Annunzio - ce Stéphane qui trompe sa femme, qui trompe ces maîtresses et à qui elles pardonnent toutes, si bien qu'il en arrive à se constituer, sous le nom de Stéphaniennes et en plein Paris bourgeois et parlementaire, un petit harem de trois ou quatre honnestes dames, dont une légitime, la Validè, mais toutes consentantes et unies dans le même amour. La constitution de ce singulier bureau s'appelle, dans notre joyeux Midi, "prendre le turban".
Donc votre initiateur a pris le turban. Mais à quoi bon mêler à son aventure les noms divins et disproportionnés de sainte Thérèse et de Jésus ? Moi, votre personnage me fait surtout songer à Barbassou, un capitaine marin de Marseille dont j'ai esquissé le type dans Tartarin de Tarascon et qui fournit plus tard l'idée de Mon oncle Barbassou à Mario Uchard, lequel oublia toujours de me remercier.
Cordialités, mon cher Confrère."
Alphonse Daudet.


Contrairement à ce que laisse entendre la lettre goguenarde de Daudet L'Iniateur n'a pas grand chose à voir avec une "galéjade" méridionale. Les Stéphaniennes y sont présentées comme les prétresses d'une religion nouvelle, adoratrices d'un Dieu vivant, comme le montre cet extrait d'une lettre de Jeanne, la femme de Stéphane : "Ah ! Stéphane, il n'appartient qu'à toi de devenir ce Dieu. Puisque, dans la déroute de nos croyances; le Christ du Golgotha ne suffit plus à remplir notre coeur, il faut bien que nous trouvions sur terre un nouveau Christ auquel nous puissions offrir notre adoration. Nous ?... C'est à dire toute les bienheureuses qui t'on connu. Car c'est pour elle comme pour moi que je veux te bâtir un Temple. Au lieu d'être des carmélites, nous serons des Stéphaniennes." Ainsi notre délirant Charpentier annonce que "Pour la première fois, à travers la lente théorie des siècles [...] La joie certaine des voluptés se substituait aux symboles menteurs des cultes". Faut-il souligner l'idéologie, profondément machiste, de cette "religon nouvelle" ?




(1) Le Bonheur à trois. E. Monnier, 1888. L'Enfance d'un homme. A. Lemerre, 1890. Une Honnête femme. Perrin, 1892. Une Courtisane. Perrin, 1893. Un Amour idyllique. Lemerre, 1894. Le Roman d'un singe. P. Ollendorff, 1895. Le renouveau d'amour. Lemerre, 1896.
(2) L'Évangile du bonheur, mariage, union libre, amour libre. P. Ollendorff, 1898. Annoncé "Pour paraître" en 1897 (cf L'Initiateur) avec pour sous-titre "Philosophie et sociologie libertaire"
(3) Historique de l'affaire Dreyfus. Fasquelle éditeurs, 1933.
(4) Le Parti radical et radical-socialiste à travers ses congrès (1901-1911). M. Giard et E. Brière, 1913
(5) La Guerre et la Patrie. Préface d'Henri Barbusse. A. Delpeuch, 1926. - Ce que sera la guerre des gaz. Avant-propos de Victor Margueritte. André Delpeuch, 1930.
(6) Cf Epstein (Simon) : Les dreyfusards sous l'occupation. Albin Michel, 2001.




vendredi 10 octobre 2008

A paraître : Laurie et la Décadence aux Editions Des Barbares



"je suis l'empire à la fin de la décadence,
qui regarde passer les grands barbares blancs"
Verlaine

Chistian Laucou et Eric Dussert, associés à l'enseigne Des Barbares, annoncent leurs parutions prochaines.

André Laurie, avec l'inédit Un Roman dans la planète Mars avait ouvert la voie, la réédition de son Spiridon le muet, toujours présenté par C. Soulignac, sera prête en janvier de l'an à venir.

Pour ne pas être en reste, le co-Barbare Eric Dussert, prépare l'édition de La Douleur et le Suicide, Lettre inédites de Théo Varlet à Raymond de Rienzi.
Mais il y a plus, nos deux Barbares, dont on ne sait lequel est le plus érudit et curieux, nous promettent le fac-similé de la collection complète de la revue La Décadence (1886), qui sera bien utile aux amateurs de littérature fin-de-siècle.


Pour en savoir plus : Fornax - L'Alamblog

jeudi 9 octobre 2008

SCRIPSI n° 1 Bulletin du site des Amateurs de Remy de Gourmont


Vient de paraître : SCRIPSI le numéro 1 du Bulletin du site des Amateurs de Remy de Gourmont

« Aux 3 satyres normands, Charles-Théophile Féret, Remy & Jean de Gourmont »

Textes recueillis et très-rapidement présentés par Christian Buat, Scripsi n° 1, Port-Bail, 9 octobre 2008 (tiré à 26 exemplaires lettrés de A à Z ; 7 exemplaires lettrés (à la main) avec une lettre du mot satyre en grec ; 7 exemplaires pirates ), 42 p.

Textes de : Charles-Théophile Féret, Jean de Gourmont, Remy de Gourmont, Léon Deffoux, Georges Duhamel, André Fontainas, 6 cartes postales inédites de Jean de Gourmont à Charles-Théophile Féret, dont 5 concernant l'inauguration du buste.

10 € port compris. Pour toute commande, envoyer un courriel à : siteremydegourmont@orange.fr

Précédentes apparitions N° 0 : Le Mont Saint-Michel et le Pélerin du Silence

Apparitions futures N° 2 : 'Pataphysique, Jambons & Fourmis

Sur Charles-Théophile Féret (1859-1928 ) voir la notice qui lui est consacré sur le site des Amateurs de Remy de Gourmont.

Gourmont. Nigond. W. C. Morrow. et les autres (Bulletin N°0)
SCRIPSI n° 2 Bulletin du site des Amateurs de Remy de Gourmont
SCRIPSI N° 3 se présente

mercredi 8 octobre 2008

Firmin Gémier Le démocrate du théâtre




Vient de paraître :
Firmin Gémier. Le démocrate du théâtre. textes réunis et présentés par Nathalie Coutelet. L’entretemps. Collection Champ théâtral. 15 x 21 cm, 256 pages.
Commande : Lekti-ecriture.com.


Acteur, metteur en scène, directeur de théâtre Firmin Gémier (1869-1933) est l'un des promoteurs essentiels (1) d'un "théâtre populaire" ou d'un "théâtre pour le peuple", avec son train de tracteurs à vapeur, puis par voie ferrée, il sillonnera la France avec son Théâtre national ambulant. Ce volume recueille des textes de et sur Gémier de ses débuts à Belleville jusqu'à ses premiers pas au cinéma parlant.

(1) Quelques expériences parallèles : Maurice Pottecher (Théâtre du peuple à Bussang, 1895), Louis Lumet (Théâtre civique, 1897), Camille de Sainte-Croix (projet d'un théâtre populaire à Paris en 1903, auquel Gémier fut associé).

Voir : Notice de Catherine Faivre-Zellner sur Firmin Gémier sur le site Les Commérages de Thybalt.


mardi 7 octobre 2008

OPINIONS SUR GAUGUIN - Charles MORICE Fin


L'article recueillant les Opinions sur Gauguin, publiées dans le Mercure de France N° 167 de novembre 1903, se termine sur cette dithyrambe de Charles Morice. A la lecture des numéros précédents, force est de constater que nombre de ses contemporains, n'avaient pas encore pris la mesure exacte du génie de Gauguin, la connaissance encore approximative de son oeuvre en était sans doute responsable en partie, seuls ses amis les plus proches (Duro, Séguin, L. Roy) et les fins connaisseurs avides d'originalités (A. de La Rochefoucauld, Fagus, Mithouard), y prévoyaient la gloire posthume du "barbare somptueux". Les autres sont bien timides, emphatiques parfois, fielleux aussi...


Il fut un maître.
Telle est, très nettement – non même sans les quelques dissonances essentielles en un si moderne concert, et précieuses pour ce qu'elles permettent de connaître chaque âme au son qu'elle rend – la conclusion de cette sorte d'enquête.
Il fut une force créatrice, émouvante et impérieuse ; un aboutissement et un recommencement. Des traditions très anciennes et très pures ont trouvé dans sa volonté très sensible, très éclairée et très active, l'instrument nécessaire de leur renaissance par des transformations fécondes. Tournant barre au flot d'une civilisation menteuse, ce hardi marin n'aura pas tenté en vain le grand voyage, - plus loin que Tahiti ! - le « Retour aux Principes » de cette Odyssée, qui eu la tragique allure d'une Iliade sanglante, le monde maintenant va profiter, maintenant que la mort a fait fait le geste de vie : car les hommes auront toujours coutume d'attendre le coup de foudre funèbre, pour se recueillir et comprendre, pour regarder, pour voir,
Tel qu'en lui-même enfin l'éternité le change

(et ce vers immortel de Stéphane Mallarmé, qui l'aima, est en pleine harmonie avec la destinée de ce grand artiste) Gauguin nous apparaît à jamais, oui, le maître qu'il demeure : avec le sens prodigieux, qui fut le sien, des vastes décorations, avec son invention inépuisable, avec la vaillance qui fit de lui un héros dans sa lutte – de Jacob avec l'Ange (n'est-ce pas le sujet d'une de ses plus belle oeuvre ?) - de l'Esprit contre la Nature.
La patrie le méconnut, il y a de la honte pour beaucoup dans sa gloire assurée. N'importe. Exceptés seulement ceux-là qui, disposant de tout, on tout refusé au génie, alors que de presque rien il eût fait de l'éternité, - et j'entends désigner ici sans détour les hommes dérisoirement installés à la « direction » des beaux-arts, à la conservation des musées, - à tous largesse, même à la mère ingrate, même aux frères ennemis, largesse de la pensée et de l'oeuvre sublime !
Il est impossible de préciser dès cette heure la profondeur de l'empreinte laissée par Paul Gauguin dans l'art par l'accomplissement, dans l'âme des artistes par l'exemple et l'influence. Ce sera l'étude des longs temps. Mais, sans attendre, on tient, ici, à l'honneur d'avoir produit au jour l'affirmation de quelques-uns, qui comptent, et de ne rien laisser à répondre aux négateurs, aux détracteurs d'hier...
Une étoile fixe de plus brille au ciel de l'art français.


Charles MORICE.


Ernest LA JEUNESSE - LA FOIRE AUX CROUTES suite


Ernest LA JEUNESSE - LA FOIRE AUX CROUTES 1ère partie.

Dans le lot de peintres académiques, choisis par Brunelleschi et La Jeunesse, on trouvera ci-dessous deux réfractaires, Eugène Carrière et Auguste Rodin, leur amitié en est-elle la cause ?


MERCIÉ

Quel beau gendarme ! L'héroïsme qu'il exprime ne fait pas broncher un poil de sa moustache, car elle est en pierre, en pierre – et c'est de l'agrément pour les autres. Allons circulez, circulez, laissez passer les lourds chariots sous les lourdes statues et les lourds groupes et les riens du tout plus lourds. Portez armes ! Présentez armes ! Les Quand même s'amènent et l'état-major des gloires nationales et des gloires obscures, du patriotisme patenté, de l'honneur officiel, de l'histoire à orphéons et à discours. O, ne vous demande pas de tâter, Messieurs, Dames et Demoiselles, admirez, admirez, nom de Dieu ! Ou, entendez [...] il vous f... dedans !



CAROLUS DURAN

Ce jeune premier s'affirme, dans son tableau de l'année, le Mathusalem de la magnificence. Il expose – à tout – sa famille. « Cha n'est pas, dit l'Auvergnat, que cha choit chale, mais cha tient de la place. » Le gendre, M. Georges Feydeau a l'air d'écoper déjà, comme à un lendemain de première ; tout le reste de ces messieurs, enfants et dames, souffre d'avance, des appréciations du public. Seul, le Maître est bien en place, bien en lumière, dans cet aveuglement pour pauvres qu'est son éclat ruisselant et sa majesté à reflets. Sa nourrisserie (ou garderie) paraît rauque, violente, molle, gnole et moche ? Il y en a a trop. Mais quand donc, je vois prie, sa tenue a-t-elle été moins truquée et plus sérieuse ? Ses portraits, en oppositions savantes, sa distinction de foire, sa réincarnation théâtrale des génies d'antan en rouge, vert et or, ça vous paraît loin, aujourd'hui ? M. Carolus-Duran nous resta. Attendons.


ROYBET

Je ne le reconnais pas dans le dessin ci-dessus. Roybet en habit, Monsieur Aroun-Al-Raschid ! Vous abusez. Khalifat ! Comment, cet homme qui a infligé un feutre mousquetaire aux plus pacifiques rentiers, une fraise à M. Vigneron, des cuirasses à des photographes et des costumes de réîtres à des curés, vous lui imposez le frac ! Quelle cruauté, quel châtiment ! Et pourquoi le priver, je vous prie, de ses nudités débraillées, de ses gorges, de ses tabliers, de ses tabagies de son atmosphère de saoulerie mercenaire et de gaïté un peu soufflée, de figuration et d'accessoires. Ce chef machiniste, cet habilleur en habit ! Je présente toutes mes excuses, moi, à Roybet, humblement. Et comme je ne suis ni en pourpoint, ni en aiguillette, comme je ne suis ni assez rouge, ni assez gris, j'attends le Salon prochain pour que Roybet m'y mette, en tenue !


HENRY GERVEX

Tout de même, non !
Qui penserait que, avec sa tête grave et si étrangement ressemblante à celle du Dr Roux, ce peintre à masque de photographe concentré se f... autant de nous ? Il a su, en un seul Salon, trahir à la fois l'Empire et la République ! « Il a bien l'air Maison de Savoie, a dit M. Loubet du portrait de Victor-Napoléon ». Eh bien ! Est-ce que le Banquet des Maires n'a pas l'air gâteau de Savoie, nougat, guimauve et pis ? Il paraît qu'on le refuse, ce Banquet. C'est la meilleure façon de rendre. Mais aussi quelle imagination, quel rendu, quel style ! M. Gervex est le Georges Ohnet de la peinture.

ZIEM

Ca n'a pas l'air d'un vrai nom. Sa peinture n'a pas l'air de vraie peinture. Ses tableaux ne ressemblent pas à Venise : c'est Venise qui tâche de leur ressembler. Si vous croyez que ce triomphe n'est plus effroyable ! Il travaille à son aise rue de Lorient, à Montmartre, envoie ses oeuvres en Italie pour avoir des preuves postales d'authenticité et continue, vend, entasse chefs-d'oeuvre sur chefs-d'oeuvre et ne vieillit pas. Il a connu Venise au temps de la domination autrichienne : son souvenir devient confus. Pas tant que ses toiles. Mouchetures, pointillés, points de lumière, tachisme, vagues en gouache, c'est de la musique. On a, aujourd'hui, exilé ce patriarche de l'à-peu-près. On lui a demandé l'article franco-russe. Il a déguisé les vaisseaux en gondoles, les souverains en doges, les amiraux en [...]. Il est vrai qu'on ne les voit pas.


RODIN

Observez-le, informe, avec sa barbe énorme, son petit corps et la superfétation d'un binocle de pierre sur de petits yeux de fièvre : ce n'est rien et c'est tout. Ca vibre, ça agit, ça crée. Barbe qui sculpte, binocle qui fouille, tout est mouvement, tout est vie, tout est résurrection. Cette taupe sourde est un Dieu terme, un Dieu plus haut. Il nous donne des blocs mal dégrossis où nous retrouvons les finesses les plus abstruses, une puissance unique, des détails mystérieux, prestigieux. Cet homme tranquille, doux, lent, myope, hésitant, n'est qu'un frisson et le coup de pouce du génie. Que d'autres y cherchent du fumisme ou de la sculpture, ce n'est pas mon affaire : moi j'y trouve, dans de l'inachevé et de l'obscur, ce que je veux : de la littérature.


CARRIERE

Il y fait noir comme dans un four. C'est, proprement (si j'ose dire) un tableau couvert de suie et où, avec les doigts, vous auriez mis à nu trois ou quatre taches. C'est une âme qui, en y mettant de la bonne volonté, sourit, salue et reste, figée. Pâle, gris, rose-jaune sur du gris-brun-noir, vous avez le droit de vous pâmer, c'est habile et très bien fait. L'art, préparé, encadré dans le texte, est sûr. Si vous considérez l'homme, en outre, il est rond, blond, blanc, bien portant, gentil, clair. Il réussirait très mal son portrait. Et quand on pense que, de par ses tableaux et ses lithos, il a forcé tant de littérateurs, infortunées victimes, à rester obscurs.


LHERMITTE

Avec un H.
Il ne s'appelle pas Tristan, comme son grand ancêtre, celui qui pendait sous Louis XI. Lui, avec son H (sa hache), il rase. La Hache est devenue une faux, une faucille. Ah ! Que de moissonneurs, sue de verdure, que de labeur et de labour ! Et qu'il est bucolique ! Si ça ne vous plait pas, vous n'aurez jamais le Mérite agricole, vous ne comprendrez jamais la poésie des champs et la gravité, la majesté de la vie simple. Sa couleur est rustique et terne ? Il l'a voulu. Son soleil est amaigri par la maladie ? Il se couche ! C'est (je ne parle pas du soleil, je parle de M. Lhermitte) un brave homme de peintre, sévère, probe, qui remplace le paysage par des figures, qui supplée aux figures et aux paysages par le sentiment, à la couleur par l'intention. Lhermitte est un bon apôtre.


Une problème d'impression empêche la lecture correcte de quelques mots dans les textes imprimés, les manques sont remplacés par des crochets.

Ernest Lajeunesse sur Livrenblog : Ernest La Jeunesse : Le Roi Bombance de Marinetti Ernest La Jeunesse célèbre Fanny Zaessinger Ernest La Jeunesse par Léon BLUM. Bibliographie. Ernest La Jeunesse - Oscar Wilde à Paris. Les "Tu m'as lu !" Ernest La Jeunesse dessinateur 1ère partie. Les "Tu m'as lu !" (suite) Ernest La Jeunesse dessinateur Ernest La Jeunesse - La Foire aux croutes 1ère partie. Ernest La Jeunesse préface au Forçat honoraire, roman immoral. Faut-il lire Ernest La Jeunesse ? . Ernest La Jeunesse pastiché par Victor Charbonnel dans La Critique. Ernest La Jeunesse : 22 dessins originaux.