samedi 27 septembre 2008

LES "TU M AS LU !" Ernest LA JEUNESSE dessinateur



Livrenblog s'est déjà intéressé au romancier, chroniqueur et dessinateur Ernest Lajeunesse. Nous le retrouvons aujourd'hui dans ses oeuvres de dessinateur, pour le numéro du 3 octobre 1901 de l'Assiette au Beurre, intitulé Les "Tumaslu !" Tu ne m'as pas regardé ?.

Sur la couverture de ce numéro c'est Catulle Mendès qui plastronne avec pour unique légende : Le Soleil de Minuit, titre d'un de ses recueils de poèmes, souligne le déclin du parnassien flamboyant. En effet ce regard perdu, ces yeux cernés de fatigues et d'excès, ce crane chauve couronné de cheveux filasses ne rappellent en rien la beauté de Christ débauché, à la crinière de lion, qu'on lui reconnaissait dans sa jeunesse.

Maurice de Waleffe raconte qu'à la table de Mendès au café Napolitain, "résonnaient dès l'entrée les glapissements suraigus de la voix eunuquoïde d'Ernest La Jeunesse" [...] Grand diable hirsute, mal peigné, mal rasé, d'énormes bagues de pierres de couleur à tous mes doigts [...] Souvent dans cet entourage de Mendès on voyait apparaitre, derrière le torse de belluaire en chandail du beau Jean Richepin, la barbe de Silène de Raoul Ponchon, mais le plus fidèle au poste était Courteline, avec sa petite moustache ébouriffée sous un nez gouailleur de bistrot faubourien. " C'est notre Molière ! ", disait de lui gravement Mendès qui l'admirait." Courteline que La Jeunesse n'a pas manqué de croquer ici.

Si La Jeunesse voit dans les cafés la source des ennuis financiers de Courteline, Waleffe encore lui, a une explication moins cruelle à ces soucis : " Brave Courteline ! Il déguisait sous cette rondeur gouailleuse, outre les souffrances d'une santé compromise, celles, plus prosaïques, d'une gêne financière qui ne demandait rien aux succès faciles. Ses petits actes drôles, vifs comme la poudre, l'avaient rendu célèbre sans l'enrichir. Il les composait minutieusement, en écrivain qui garde la coquetterie de sa langue. Ses manuscrits laborieux; il lui arrivait de les recopier ensuite, non pour le plaisir, mais pour l'argent que lui en offraient les collectionneurs d'autographes."

Auteur de L'Enfant d'Austerlitz, de la Ruse et de la Force, romans de l'épopée Napoléonienne, c'est en habit vert, lui qui ne fut "même pas Académicien", qu'apparait Paul Adam. La Jeunesse est lui-même l'auteur d'une Imitation de notre-maître Napoléon, où il ne cache pas son admiration pour l'empereur.

Pierre Louÿs partageait quelques amis avec La Jeunesse, le premier de ceux-ci était Jean de Tinan. On connaît l'amitié de La Jeunesse pour l'Oscar Wilde vieillissant des derniers jours Parisiens, Louÿs fut des proches de Wilde lors de son premier séjour en France et participa à la mise au net de sa Salomé écrite en français. Comment ne pas faire allusion au plaisir à propos de Louÿs, dont la gloire vint par Aphrodite ?


Tire-Lyre, le jeux de mot n'est pas joli, mais souvent la critique déteste les écrivains qui réussissent. Les pièces de Rostand, ces vers où brille, faux diamant, le fameux esprit français, le "tapage médiatique" fait autour de l'homme et de l'oeuvre, ne pouvait provoquer que ce genre de rosseries.


Jean Lorrain, qui ne manquait pas d'humour, signait ses Pall-Mall semaine, Raitif de la Bretonne, la laconique légende du dessin n'en est que plus facile, et... vulgaire. Dans Les Ennuis, les nuits et les âmes de nos plus notoires contemporains, le portrait de Lorrain est plus nuancé (1)


A SUIVRE... : LES "TU M AS LU !" (suite) Ernest LA JEUNESSE dessinateur

Ernest La Jeunesse sur Livrenblog : Ernest La Jeunesse préface au Forçat honoraire, roman immoral. Ernest La Jeunesse : Le Roi Bombance de Marinetti. Ernest La Jeunesse célèbre Fanny Zaessinger. Ernest La Jeunesse par Léon Blum. Bibliographie. Ernest La Jeunesse - Oscar Wilde à Paris. Ernest La Jeunesse - La Foire aux croutes 1ère partie. Ernest La Jeunesse - La Foire aux croutes suite. L'Omnibus de Corinthe. Jossot. André Ibels. Faut-il lire Ernest La Jeunesse ? Ernest La Jeunesse pastiché par Victor Charbonnel dans La Critique. Ernest La Jeunesse : 22 dessins originaux.



(1) Voir : Jean Lorrain vu par Ernest La Jeunesse sur le site de Christine Serin.

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