XAVIER MARCEL BOULESTIN
A Londres, Naguère…
MAURICE ED. SAILLAND (dit CURNONSKY)
Cahiers d’un mercenaire de lettres
A Travers mon binocle
Un ami, Préfet Maritime, qui s’y connaît, me disait l’autre jour, « il faut laisser des traces, l’histoire littéraire s’écrit grâce à elles ». La maigreur des souvenirs de Boulestin et Curnonsky, ne rendent pas moins importantes les traces qu’ils ont laissées, et que nous allons tenter de suivre.
X.-M. Boulestin secrétaire et collaborateur de Willy, figure sous le pseudonyme de Hicksem dans Les Egarements de Minne de Colette, Boulestin d'après Willy dans les Indiscrétions "était un peu filou et énormément pédéraste. Il s'en vantait".
X.-M. Boulestin A Londres, Naguère…Librairie Arthème Fayard, Collection C’était hier, 1946. Traduction anglaise : 1948 chez Home & Van Thal.
Curnonsky, de son vrai nom Maurice-Edmond Sailland est toute de même plus connu que Boulestin, on se souvient parfois qu’il fut élu Prince des Gastronomes, à une époque où l’on sacrait Paul Fort, Prince des Poètes, Han Ryner Prince des Conteurs, Gabriel de Lautrec Prince des Humoristes, et plus comiquement Jean-Pierre Brisset Prince des Penseurs.
Les lecteurs de François Caradec savent qu’il fut l’un des collaborateurs les plus fidèles de Willy, et que nous lui devons de nombreuses aventures d’Henry Maugis. Ami de Paul-Jean Toulet, ils collaboreront tout deux sous le pseudonyme de Perdiccas (Le Bréviaire des courtisanes, Le Métier d’amant). Curnonsky, qui semble apprécier l’écriture à quatre mains, collaborera aussi avec J.-W. Bienstock (Le musée des erreurs ou Le français tel qu'on l'écrit, Le wagon des fumeurs, T.S.V.P., Le café Du Commerce, etc), il sera le nègre de l’impresario Charles Baret pour son livre de souvenirs sur les célèbres tournées théâtrales (Propos d’un homme qui a bien tourné).
Cur travaillera dans la publicité et donnera son nom de Bibendum au bonhomme Michelin, mais ce sont ses écrits sur la gastronomie et le tourisme qui lui apporteront la gloire, notamment une série de 28 guides La France gastronomique écrits une fois de plus en collaboration, cette fois avec Marcel Rouff, puis seul son célèbre Cuisine et vins de France.
Sailland avec le temps se mit à détester son pseudonyme latino-slave, ce cur non (pourquoi pas en latin) suivi d’une terminaison en hommage, dira t’il à E. Zola, à Dostoïevski, et qui lui vaudra de nombreux désagréments, lui si cocardier, passera régulièrement pour Russe ou Polonais. Dans ce volume de souvenirs écrit durant l’occupation, entre des considérations sur la grandeur de la France, le manque d’hygiène de ses habitants et les récriminations contre la vie cher, on retrouve les amis de Cur et notamment Gabriel de Lautrec l’auteur du magnifique Poèmes en Prose, dont il écrit qu’ « il y a là des pages (Louange de la Lune, entre autres) qui méritent de rester tant que l’on parlera et écrira en français », avis que je ne suis pas loin de partager. On y trouve aussi des anecdotes sur Jean de Tinan, P.-J. Toulet, des histoires et bons mots de Forain, Léon Daudet, une rencontre avec Zola, le tout avant une seconde partie consacrée à son « Retrait Breton » durant l’occupation. La troisième partie sur le mercantilisme et la supercherie dans les beaux-arts, comporte des anecdotes sur Cézanne, Ambroise Vollard ou le Douanier Rousseau, le volume se termine sur des « Propos de tourisme et de gastronomie ».
Deux volumes de souvenirs un peu décevant ne comportant pas de révélations fracassantes, rien sur le travail de nègre de l’un ou de l’autre, une atmosphère d’époque bien rendue pour Boulestin, de gentilles anecdotes superficielles pour Curnonsky, mais quelques « traces » tout de même.
A lire : François Caradec Willy Le père des Claudine (Fayard).
A suivre : http://www.curnonsky.com/
Curnonsky : Souvenirs Littéraires et Gastronomiques
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