lundi 30 mai 2011

Roger Gilbert-Lecomte et Léon Pierre-Quint : Correspondance 1927-1939.


Vient de paraître.


Roger Gilbert-Lecomte et Léon Pierre-Quint : Correspondance 1927-1939. Préface de Bernard Noël. Etablissement du texte et notes par Bérénice Stoll. Paris, ypsilon, éditeur, 2011, 15 x 22,5 cm, 560 pp., 3 dessins hors texte, fac-similés de lettres in texte, bibliographie, index des lettres et autres textes, index des noms propres.

Léon-Pierre Quint dans Livrenblog : Léon Pierre-Quint Lautréamont Gourmont Vallette. Une lettre.

vendredi 27 mai 2011

Ovariotomie et belles-lettres. Jane de la Vaudère. Les Demi-Sexes.



Jane de la Vaudère : Les Demi-Sexes. Paul Ollendorff, 1897. 304 pp.


Ovariotomie et belles-lettres.
La chirurgie ne progresse pas en vain. Nous lui avons dû, au lendemain du procès Boisleux-La Jarrigue, deux romans : Châtrée, d'un anonyme, et les Mères stériles, de M. Henri de Fleurigny. Et voici que s'en annonce un troisième : les Demi-Sexes. Auteur, Mme Jane de La Vaudère.
Le titre est bon.
Le Figaro, 29 juin 1897.
Vient de paraître
Chez Ollendorff :
Les Demi-Sexes, le nouveau roman de Jane de La Vaudère. Il fallait le rare talent d'écrivain et de moraliste de l'auteur de tant de livres à succès pour aborder cette puissante étude de passions dont tout le monde parle.
Le Figaro, 21 juillet 1897.
Les Cygnes noirs.
[...] Voici Jane de La Vaudère, couveuse des Sataniques et des Demi-Sexes. Tu as changé de teinture, gamine. Tu fis jadis des strophes très blanches, oh si blanches, en rayons d'étoiles, disais-tu ; en verre filé, je m'en souviens. Et la liste de tes livres m'apprend que tu restes honorée d'un accessit à l'école où les singes verts récompensent les vieux enfants. Un de tes recueils innocents fut « mentionné par l'Académie-française ».
Aujourd'hui, le poète manqué s'imagine écrire en prose. Notre ange raté se déguise en démon et imite un titre de Barbey d'Aurevilly [I]. Puis il s'aperçoit que Marcel Prévost, qui singe les hommes par le costume et les femmes par l'écriture, est plus à sa portée. Le demi-penseur Dumas observa le demi-monde ; le demi-écrivain Prévost découvrit les demi-vierges ; Jane de la Vaudère, bête complète, nous apporte les Demi-Sexes.
Ça et là, dans la platitude et l'insignifiance des Demi-Sexes, une phrase arrête, ridicule autrement que les autres, grotesque par son entourage, par son inoportunité, mais qui, isolée, aurait de la force ou de la grâce. Elle est copiée, tout simplement. Un des derniers romans de Guy de Maupassant par exemple, Notre coeur, a été vaillamment pillé. J'aime mieux juger Jane de la Vaudère sur les pauvretés plus à elle des Sataniques. Là, sauf erreur, elle a pondu et couvé. [...]
Han Ryner : Le Massacre des Amazones. Chamuel, s.d. (1899), publié en partie dans La Plume dès 1897. Extrait.

Dans La Province Nouvelle d'octobre 1897, furent relevés les emprunts de Jane de La Vaudère à Notre Coeur de Guy de Maupassant, on peut lire cet article sur Gallica. La Province Nouvelle, 1897, page 204.
Sur le plagiat de Maupassant par Jane de la Vaudère voir aussi : Patrick Chadoqueau : « Maupassant plagié », in Histoires littéraires, Du Lérot Editeur, Tusson, n° 16, oct.-nov.-déc. 2003, p. 69.

jeudi 26 mai 2011

Charles-Henry Hirsch. André Hellé.



Charles-Henry HIRSCH : EVA TUMARCHE ET SES AMIS. Roman contemporain. Eugène Fasquelle, 1903, in-12, 336 pp., 1er plat de couverture illustré en couleurs par André HELLÉ.

"Moeurs de grue et moeurs contemporaines" dira Rachilde dans sa chronique du Mercure de France à propos de ce roman. Eva est de ses filles "obligées de se vendre et d'en faire profiter ou leurs parents ou un gentil baron d'Auge". "Toute cette boue est remuée, vaporisée en parfums, avec une ironie amusante de la meilleure teinte".

La belle couverture est de André Hellé (1871-1945) qui se spécialisera dans les illustrations de livre pour enfants (La Boîte à joujoux, L'Arche de Noé, Les Fables de La Fontaine...), on voit ce qu'en 1903 son inspiration doit encore à Toulouse-Lautrec ou Ibels.

Les Amis d'André Hellé.




mardi 24 mai 2011

Mireille Havet. La Presqu'île 1916.



La Presqu'île, revue littéraire fondée par Jean Sylveire en 1916, a déjà suscitée deux billets [I] [II] dans ce blog. Ils nous ont permis de constater la jeunesse d'une grande partie des collaborateurs de cette revue, après René Chomette (René Clair), Joseph Kessel, Pierre de Régnier, Francis Ponge (Paul-Francis Nogères) et Raymond Payelle (Philippe Hériat), c'est aujourd'hui la présence parmi eux de Mireille Havet avec un poème publié dans le numéro 4, de la deuxième série, d'octobre 1916, que je voulais souligner. Mireille Havet est née, elle aussi, en 1898, la publication, par Claire Paulhan depuis 2003 (1), de son extraordinaire journal, ainsi que de son roman Carnaval, a permis de découvrir celle qu'Apollinaire appelait "la petite poyétesse".
C'est ce désir du monde
à Mlle Lilie de Lanux

c'est ce désir du monde
qui m'hallucine !
La hantise de ce qui reste à créer
dans les contrées
neuves comme mon ardeur.

L'aube monte,
éclate aux vitres et joue un instant
avec les rainures du volet.
C'est avant l'aube qu'il faut partir..!
La douceur du jour vous rattache aux choses
qui ont bercé l'enfance.
Avec rudesse : il faut partir !
Ceindre ses reins de la ceinture d'acier
dont les clous mordent la chair
à la moindre défaillance.
Traverser le jardin, sans cueillir de fleurs,
ne pas s'attarder à la barrière qui grince !
Partir... avant l'heure.
C'est la rudesse qui dirige.
C'est la ligne droite et la route poudreuse,
dans l'aurore malléable,
qui attirent.
Et la poussière se fait légère et douce
aux talon nus
qui s'y enfoncent avec volupté !
Les horizons ne sont pas des mythes
Ils sont là pour être traversés ! vaincus ! Livrés !
Tous les secrets des montagnes,
toute la langueur des rivières,
toute la force mystique de l'océan indomptable
et le désert, qui noie, mieux que l'onde
sont pour nous.

Pour Toi : Voyageur désirable !
Que rien n'harasse et que rien ne déçoit :
avec ta besace grise sur ta hanche
ton dur bâton !
Sans arme ! Et sans fortune !
Livré au ciel, comme Jésus-Christ
Le fut aux hommes,
Livré avec le seul vêtement
de ta chair : à la source
qui coule en chantant
sur tes reins.

Les cimes ! Les cimes !
Nous appellent, se dressant
multiples et farouches
comme un désir qui s'amplifie.
Elle s'exhaussent
les unes sur les autres,
harcelant nos yeux
qui ne peuvent tout posséder !

O courses folles
dans la nuit,
avec les constellations jusqu'aux épaules
et la tentation de les prendre à pleine main.
Usure exquise de tout ce qui dort en nous

et s'éveille, au contact des ouragans
et des soleils,
absorptions entière de la Terre
par tous les pores de la peau
cuivrée, durcie !

Possession enfin palpable
de ce que Dieu donna à l'homme
pour l'aider à conquérir le ciel.
Possession unique !
Dure comme un arc bandé,
dont la flèche serait,
un désir insatiable
d'une portée illimitée.

Voici la nuit sur la ville.
En haut de la grande Tour,
un paon s'éploie
comme un drapeau d'azur.
Et c'est le signe !
Et c'est le flambeau !
Ah ! Partons sans détour,
pendant que la soif dure encore
et avant d'être résignés.
Pendant que sur ce mur, l'oiseau sonore
clame la détresse des prisonniers.

Dans mes libres membres bouillonne,
La folle promesse de l'univers
qui s'abandonne
à mon désir.

Mireille Havet

(1) Mireille Havet :
Journal (1918-1919). Édition établie par Pierre Plateau. Introduction par Dominique Tiry. Notes par Dominique Tiry, avec l’aide de Pierre Plateau et de Claire Paulhan. Editions Claire Paulhan. 13 x 17 cm, 256 pages. Annexes. Index. Bibliographie. Édition originale : 26 janvier 2003. Collection « Tiré-à-part ». Isbn : 2-912222-18-3
Journal (1924-1927). Édition établie par Pierre Plateau, préfacée par Laure Murat et annotée par Dominique Tiry, avec la collaboration de Roland Aeschimann, Claire Paulhan et Pierre Plateau. Editions Claire Paulhan. 448 pages. Format : 21,5 x 13 cm. Hors-Texte n. & bl. (16 pages, env. 40 illustrations, photographies, fac-similés, cartes postales d’époque) + quelques illustrations in-texte. Isbn : 978-2-912222-28-2. Tirage : 2000 exemplaires
Journal (1919-1924). Édition établie par Pierre Plateau, annotée par Dominique Tiry, Pierre Plateau & Claire Paulhan. Préface par Béatrice Leca, auteur de l’émission « Le cœur ouvert de Mireille Havet : Journal d'une enfant prodige » (France Culture, 4 septembre 2003). Editions Claire Paulhan, 13 x 21,7 cm. 544 pages. 35 photos et fac-similés n. & b. Repères biographiques, Bibliographie, Index des noms cités. Edition originale parue le 1er avril 2005. Collection « Pour Mémoire ». Tirage à 3 000 exemplaires. Impression en caractères Plantin sur papier Minotaure ivoire 90 g., sous couverture à 2 rabats « Bleu de Sèvres », imprimée argent. Isbn : 2-912222-21-3
Carnaval. Édition établie & introduite par Claire Paulhan. Editions Claire Paulhan. 13 x 21,7 cm. 248 pages. Avec mention des principales variantes entre les 2 éditions de 1922 et 1923, + les principaux passages du Journal de Mireille Havet et 2 poèmes se rapportant à Carnaval, + 54 lettres échangées et 50 articles publiés sur Carnaval. 8 fac-similés n. & b. Édition originale parue le 1er avril 2005. Collection « Pour Mémoire ».Tirage à 1 500 exemplaires. Impression en caractères Plantin sur papier Minotaure ivoire 90 g., sous couverture à 2 rabats jaune, imprimée rouge. Isbn : 2-912222-22-0.



dimanche 22 mai 2011

Pohol. Marc Michel l'homme pressé du romantisme



Pohol


Pohol se croit damné, il craint dieu tout autant que le diable, mais dieu, malgré les tentatives de Pohol pour le servir, le rejette, reste le diable, reste la vie. Pohol se transforme en dandy, il va profiter du temps qui lui reste avant l'éternelle damnation, s'étourdir un « rire de rage » aux lèvres, pour oublier l'idée noire. L'amour, la découverte d'une femme-ange dans le cimetière du Père-Lachaise, la trahison d'une femme-démon, le suicide, le meurtre, et l'exécution de Pohol mettront fin à ce qui ressemble bien à un roman noir. Pohol parut en feuilleton, dans le journal le Sémaphore de Marseille, pourtant ici pas de situations complexes, de descriptions horrifiques, l'auteur non seulement ne tire pas à la ligne, mais élague. Les feuilletonistes de profession eurent, avec les données de Pohol, fabriqué un roman de trois cent pages, Marc Michel en tire une trentaine.
"L'Homme pressé du romantisme", le titre s'est imposé, à la lecture de ce court roman, devant cette écriture rapide, ces raccourcis, ces questions au lecteur, ces injonctions. Encore faudrait-il expliquer pourquoi ce style, pourquoi cette formule sans descriptions, pourquoi ces quelques traits rapidement jetés sur la feuille comme pour une caricature, un croquis ou une esquisse. Il ne s'agit pourtant pas de parodie, l'auteur se dit lui-même romantique et défend l'école contre les classiques, s'il ironise, il ne se moque pas. Pohol est un type, et son histoire une charpente où le lecteur, supposé habitué du feuilleton, doit remplir les vides marqués dans le texte par les trois petits points qui le troue si souvent, c'est dans ces espaces que le décor s'imagine, que les dialogues doivent s'entendre. L'auteur nous y invite : « Oh ! Je ne vous le dis point ; car cela ne peut se dire ! Comprenez donc, ou brûlez ceci. », mais l'auteur ne doute pas être compris, et le confirme lorsqu'il termine un chapitre ou une phrase par un sec « Vous savez. ». Parfois l'intrigue pourrait freiner la rapidité de narration, compliquer la situation, un personnage entraîner explications et dialogues, l'auteur alors s'en désintéresse : « Marie est là qui pleure... Pohol est à quelques pas d'elle ; il la regarde et rêve son beau rêve ! Je ne sais si l'autre femme... n'importe. La nuit venait » L'autre femme importe peu, nous savons qu'elle jalouse Marie, qu'elle surveille Pohol, qu'importe qu'elle soit là, qu'importe ce qu'elle pense, nous le devinons et l'action doit continuer, « La nuit venait ».
Armature de roman, histoire menait frénétiquement, Pohol serait-il pas un plaidoyer pour le romantisme contre le préjugé des classiques ? Ou une pochade toute d'ironie, mettant en scène les « Pohol du jour » qu'il faudrait envoyés à Bicêtre ? Les cinq apostilles publiées à la suite de la réédition de l'Histoire de 1829 ne confirment ni n'infirment les deux thèses. Marc Michel est subtil, il ne tranche pas et laisse le lecteur, une fois de plus, prendre position.
Pohol ne rempli pas seul ce volume, son histoire est suivi de textes de jeunesse, pour la plupart signés le Scribomane Job. Une élégie pour un amour perdu avec pour décor Notre-Dame de la Garde. Un savoureux texte sur la « misophilantropie » de Philarète, un ami paradoxal et insupportable. Un poème où se questionne une coquette. Dans Une Idée, le scribomane, se comparant aux auteurs contemporains, désespère de terminer ses oeuvres, de concrétiser ses projets d'écriture et lance un concours pour trouver dans les oeuvres publiées « une allusion politique, ou une immoralité assez sérieuses pour les faire défendre par ordre ». De la Revue de France, on trouve encore ici le poème d'une nuit de fièvre et un autre à la gloire d'A. De Vigny. Le volume se termine sur une courte pièce sur Les habitués de la cours d'Assise.
Après deux romans d'André Laurie, les actes du colloque du centenaire Paschal Grousset, la collection complète de l'Alambic, et un roman de Conan Doyle, Des Barbares... nous fait découvrir le marseillais Marc Michel (1812-1868), et la surprise est bonne, Pohol marqué du signe d'Ananké, et son auteur au style si particulier nous emballent. Le livre est présenté et annoté par Eric Dussert, connu dans la blogosphère pour être le Préfet maritime de son île de l'Alamblog.

Marc Michel : Pohol et autres textes terribles (inédits). Préface d'Eric Dussert. Couverture illustrée de deux photographies de Christèle Jacob. — Paris, Des Barbares..., 1er juin 2011, 15 x 23 cm, 112 pages.
16 € (franco de port jusqu'au 1er juin 2011). Les chèques sont à libeller à l'ordre d'Eric Dussert 29, rue du Borrégo 75020 Paris.
Extraits ici.

samedi 21 mai 2011

La Presqu'île, 1918.


Le billet précédant se terminait sur l'espoir que la revue La Presqu'île ne nous avait pas livré tous ses secrets. Vincent Maisonobe, lecteur attentif et réactif, a bien voulu nous transmettre les sommaires de quelques numéros de la série suivante couvrant une partie de l'année 1918. On constatera que deux ans ont suffit pour transformer une revue de (très) jeunes, trop jeune pour partir au front, en une "revue d'union intellectuelle des combattants" et en "Cahier d'Art et de pensée du Front". Des collaborateurs de la première série reste Jean Lynel, pour la deuxième série reste Philippe Reynier, devenu un temps directeur de la revue, qui meurt au champ d'honneur le 10 octobre 1918, et Jean Griner.
Raymond Payelle, dit Philippe Hériat, vient rejoindre Joseph Kessel, Pierre de Régnier, René Clair et Mireille Havet, parmi les collaborateurs de la revue nés en 1898, Francis Ponge, autre collaborateur est né en 1899.
La Presqu'ïle

revue d'union intellectuelle des combattants

Le Numéro coûte : 0fr50 - L'abonnement d'un an : 6 francs. Six mois : 3fr.
Les lettres et manuscrits concernant La Presqu'île doivent être adressés à M. P. Beglarian, 73, Avenue de Breuteil, Paris.
A partir du n° 4 de la 3e série : sous titre "Cahier d'Art et de Pensée du Front".
Août 1918 : Philippe Reynier directeur.
octobre-novembre 1918 : M. Philippe Reynier directeur de La Presqu'île, mort au champs d'honneur, rédacteurs : M. M. Payelle, Mouren, Rascle et Régent, au front.
[Tirage sur papier acide, ordinaire]

Troisième série, n° 2, avril 1918.
Notre enquête. G. Moureu : Automne. R.R. : Georges Clemenceau. Jean Lynel : La voix de la volupté. Philippe Reynier : Conte à un homme profond. Frédéric Lefèvre : Vers la ligne de feu.

Troisième série, n° 4, juillet 1918.
Notre enquête. Raymond Payelle [1] : La Reine dort. R.R. : Vus par nous. Philippe Reynier : Autre conte à un homme profond. Henri Bride : ............ [poème sans titre]. Jean Griner : La Permission. R. Barbot : Rancoeur. Georges G. Joutel : Le vieillard et les jeunes filles. G. : Livres.

Troisième série, n° 5, Aout 1918.
Notre enquête. Emile Cagin : Lettre à Jules Joëts. Raymond Payelle : Histoire d'une grenouille verte et d'un orteil rose. G. Moureu : Le vaisseau d'Osiris. Jean Griner : La Permission. François-Marc Meillard : Nos Relations avec l'Espagne. Robert Boudry : Brouillard. Pierre Vervieux : L'Epreuve. R.R. : Vus par nous. Frédéric Lefèvre : Dolente Amie. R. Boggio : Les Exilés. P.R. : Max-François Poncet. G. : Livres et revues.

Troisème série, n° 7, octobre-novembre 1918
R.P. : Philippe Reynier (1898-1918). Notre Enquête. Raoul Boggio : La caravane. J. Azaïs : La Maison d'édition des Jeunes. F.-M. Meillard : Nos relations avec l'Espagne. G. Moureu : Nocturne. Gilbert Landes : Ecrit en songeant à. Fernand Demeure : Gabriel-Tristan Franconi. Sylvain Royé : Le Coin de l'absent. Frédéric Lefèvre : L'Archétype. Jacques Régent : Conte Antique. Henri Bride : La Forge. Raymond Raynouard : Lettre à un extracteur de quintessence. Jean Griner : La Permission. G. : Livres et Revues.
[1] Raymond Payelle, dit Philippe Hériat (1898-1971). Engagé à 18 ans, après la première guerre mondiale, il devint assistant metteur en scène, et acteur pour le cinéma puis le théâtre. Romancier à partir de 1931 et auteur dramatique à partir de 1947. Il recevra le prix Renaudot pour son premier roman L'Innocent, et le Goncourt pour Les Enfants gâtés en 1939.



vendredi 20 mai 2011

Pierre de Régnier, Joseph Kessel, René Clair dans La Presqu'île, 1916


Quels rapports entre l'écrivain aventurier Joseph Kessel, le poète des champs de course Pierre de Régnier, le réalisateur René Clair et la "petite poyétesse" Mireille Havet ? Tous les quatre naquirent en 1898, tous les quatre furent relativement précoces et tous les quatre collaborèrent à la petite revue littéraire la Presqu'île. Ils avaient alors 18 ans. Francis Ponge, qui signe Paul-Francis Nogères, a lui 17 ans, le sonnet qu'il donne à la Presqu'île est son premier poème publié.


La Presqu'île

Rédaction et administration : J. Sylveire, 52, rue Madame, Paris.
Le Numéro 0,75. Abonnement : Un an 9 fr. 6 mois, 4,50 3 mois 2,25
Puis :
La Rédaction et l'Administration : M. Mansi, 32, rue Vaugirard, Paris. M. Claude André dirige la rédaction.
Abonnement : 8 fr. pour un an, 4 fr 50 pour six mois. Le numéro 0 fr. 75.

[Tirage sur papier Ingres d'Arches]

[Publié de 1916 à 1918, portera comme sous titre « Cahier d'art et de pensée du Front »].

A nos lecteurs

« Que chacun fasse son devoir moléculaire. »
Ch. Péguy.

Ils en est qui partent au front ; ce sont des héros et des braves, qui défendent leur foyer, qui servent leur patrie et qui luttent pour l'Idéal commun. Tous nos voeux sont vers eux, qui vivent d'une vie rude et qui souffrent et qui luttent. Ils sont forts, ils sont grands ; et dans leur vie monotone, ils connaissent l'admirable fraternité que donnent au soldat les dangers quotidiens.
Mais il en est qui restent ; de ceux-ci, on ne parle pas. A leur foyer que d'autres défendent, ils versent des larmes inconnues. Trop âgés ou trop jeunes pour servir leur patrie les hommes vivent dans une opprimante inaction et les femmes languissent en silence d'une vie petite et douloureuse. Ils connaissent l'attente, les larmes sèches, l'angoisse des terribles nouvelles que donne aux parents et aux amis l'absence de leurs Bien-aimés. Dans la lourde et brisante quotidienneté des jours qui passent, soudain jaillit la vérité impossible d'un deuil... Et on dit : « Pourvu qu'ils tiennent ». - Ils tiendront ! - Et à ceux-là qui tiennet et qui restent depuis de si longs jours, nous venons apporter humblement l'hommage de notre admiration et l'offre d'un paisible refuge.
C'est le but de la Presqu'Ile : sans nous séparer du monde par une mer infranchissable, et tout en gardant toujours devant nos yeux le spectacle grandiose de nos frères qui luttent, nous voulons nous accorder quelques heures de pensée tranquille ; nous voulons nous accorder quelques heures de pensée tranquille ; nous voulons dans l'orage garder une retraite sûre où nous puissions songer et réfléchir. Et lorsque la Tempête sera apaisée, lorsque la Victoire aux ailes d'or reviendra avec les soldats criant : « Vive la France ! », que la France ne nous trouve pas brisés et chancelants, que la Victoire ne nous grise pas dès les premières gouttes de son vin enchanté. - Non ! Que ceux-là qui sont restés silencieux et obscurs, se lèvent dignes des héros, prêts à défendre leur foyer, à servir leur patrie et à lutter, eux aussi, pour l'Idéal commun !
C'est vers la Grande Tâche d'Après, que notre pensée recueillies et tranquille s'élancera de ses ailes fougueuses mais inhabiles. - Nous demandons aux lecteurs leur indulgence et nous espérons que notre effort ne restera pas infructueux.

La Rédaction.

Sommaires :

N° 1, Janvier 1916.
R. D. : Tu changeras. S. L. : La Vision de Prosper Jasnin. T. Monsi : L'Hérétique – L'Oiseau blessé [Poèmes]. J. Sylveire [1] : Chemin faisant. J. R. B. : [1 poème sans titre, daté de Juin 1915, Oh ! Rêver dans un coin d'ombre / avec toi...]. Olivier : Les Histoires d'Olivier. Charles Trebor : Espoir. [Non signé] : A la Classe 17.

N° 2, février 1916.
Pierre de Régnier [2]: Sonnet. J. Sylveire : Chemin Faisant. Jean Lynel : Luthide et Olympios. Henri Dutheil : De la Terrasse de Walbaum [poème]. Pierre de Lanux [3] : Images de Liszt.

Deuxième série, N° 1, Juillet 1916.
La Rédaction : Explications inutiles. Philippe Reynier : La Révolte [poème]. Jean Sylveire : Deux poèmes. Hélène Perdriat [4] : Pointe Sèche. J. Kessel : La Pensée dans la composition de Vigny (1). Raoul Desjardin : Djilali spahi de 1re classe. Charles Cousin : Chant funèbre [poème]. Marie-Antoinette de Bonnefon : Les Anges sur les toits. Pierre de Lanux : Quelques livres [Henri Géhon : Foi en la France].


Deuxième série, N° 2, Août 1916.
Maurice Rostand : Sonnet. Philippe Reynier : Sommeille, petite chose. Fernande Jeanin : La Mort de l'Arbre [poème]. Gille le Rire : Ballade du Chevalier de Ravelston [poème]. Suzanne Sourioux-Picard : Une postulante à son anneau. Jean Sylveire : Prose. Charles Guy Rosey : Sensations de province [poème]. René Dinart : La fête aux images. Jean Frois Wittmann : Un jour à Londres [poème]. Charles Cousin : Valse en rouge majeur [poème]. Charles Cousin : Frontispice au Devenir. Louis-Lucien Hubert : D'après Virgile [poème]. T. Monsi : Sisyphe [poème]. Pierre de Régnier : Le Cheval Cosaque [poème]. J. S. : Quelques livres [Charles Cousin : Les Taches de l'Orchidée].

(1) Cette page de critique est extraite du Mémoire pour le diplôme d'étude supérieure présenté en Sorbonne par M. J. Kessel, âgé de 18 ans, licencié es-lettres candidat à l'agrégation [p. 8]. [Joseph Kessel (1898-1979) fut licencié es-lettres en 1915, à dix-sept ans il est engagé au service de politique étrangère du Journal des Débats.]

Deuxième série, N° 3, Septembre 1916.
Charles Cousin : Paroles de la Montagne. Charles Guy Rosey : Kosmos [poème]. Gilles le Rire : Dans ses yeux, A Mlle Lucette D... [poème]. Gaston Depresle : Le Maudit [poème]. Tigre : La Page de dessin (1). Jean Sylveire : Désir [poème]. Alfred Canicas : Apaisement [poème]. Maurice Rostand : Chérubin [poème]. C. C. : Quelques livres [Colette : La Paix chez les bêtes]

(1) "M. Pierre de Régnier [1898-1943] fut parmi les premiers collaborateurs de la Presqu'île, où les lecteurs cherchent le rythme de ses élégants sonnets. Le petit-fils du magnifique Heredia, le fils tout jeune de Madame Gérard d'Houville et d'Henri de Régnier a trois sources pures et vives de poésie, mêlées au sang de ses veines.
Il a par surcroît son art personnel, sans glorieux encombrement d'atavisme : le délicat dessin, qui porte ici la douce signature de Tigre, est l'oeuvre de M. Pierre de Régnier. Il importe de le dire ; car c'est un secret" [p. 6].


Deuxième série, N° 4, octobre 1916
Jean Dégrais : La Biche [poème]. Max Bichon-Dacnet : Coins de France. Pierre de Régnier : Soir [poème]. René Chomette [5] : La Ronde des Saisons [poème]. Charles Cousin : Chant exitial [poème]. F. Amunategui : La Porte Close. Raoul Monmarson : J'ai regardé [poème]. Mireille Havet [6] : C'est ce désir du monde [poème]. Paul-Francis Nogères [7] : Sonnet. G. Houlnick : Conte Russe. C. C. : Quelques livres [Paul Lintier : Ma Pièce].

Deuxième série, N° 5, novembre 1916
René Chomette : Il pleut [poème]. Philippe Reynier : La Mort. Jean Sylveire : Sourire [poème]. Mad. Von Der Heyden : Idéale Union. Raphael Fumet : Liminaire sur la Composition Musicale. Charles Cousin : Coins de france. Joseph Emiliani : La Vallée [poème]. Willy Goudeket : Nocturne [poème]. René Schwob : Jeunesse [poème]. Max-François Poncet : Quelques livres [Francis Jammes : Le Rosaire au soleil].

Deuxième série, N° 6, décembre 1916
René Chomette : Adieu à Verhaeren. René Schwob : Aéroplane [poème]. Jean Sylveire : Coins de France. Jacques Madian : L'Abonné de l'Opéra se souvient [poème]. Jean-François Wittmann : Danse Ecossaise [poème]. Ch.-Joseph Reverdy : Les Fées [poème]. F. Amunategui : Dix-huit ans. Philippe Reynier : Paroles banales [poème]. Jean Le Roy : Tableaux mouvants des nuits de garde. Mad. Von der Heyden : Intimité. Paul Rehan : Soleil couchant [poème]. Jean Griner : Sonnet. René Chomette : Plus Haut [poème]. Max François-Poncet : Quelques livres [La Nouvelle Revue Française].


[1] Jean Sylveire, est-ce le même qui contera son voyage en URSS en 1932 dans la revue Esprit ?
[2] Pierre de Régnier (1898-1943). Ecrivain, poète et dessinateur. Petit-fils de Jose-Maria de Heredia, fils de Marie de Heredia, femme de lettre sous le nom de Gérard d'Houville, et de Henri de Régnier (en fait son père génétique est son parrain, Pierre Louÿs). Pierre de Régnier, dit Tigre, est l'auteur de recueils de poèmes comme Erreurs de jeunesse (Fayard, 1924), Stances, instances et inconstances (La Cité des Livres, 1926), d'une monographie sur Deauville (Emile-Paul frères, 1927), en 1928 dans la collection "L'homme à la page" de la Nouvelle Société d'édition, il donne une "étude de moeurs" sur ...La Femme, puis c'est un premier roman, Colombine ou la Grande semaine (Emile-Paul, 1929) suivi en 1930 chez Grasset d'Une Vie de Patachon, un roman autobiographique se déroulant dans le monde des jeunes noceurs, de boîtes de nuit en champs de course. Il illustrera un livre pour enfant écrit par sa mère, Les Rêves de Rikiki (Plon, 1930). Gringoire, Candide et La Vie Parisienne l'eurent pour collaborateur. Pierre de Régnier est l'une des figures des nuits parisiennes des années vingt.
[3] Pierre de Lanux (1887-1955) en 1916 Pierre de Lanux est déjà un critique reconnu, collaborateur de la N.R.F. Voir dans Livrenblog son article sur L'Art et le Geste par Jean d'Udine paru en janvier 1910.
[4] Hélène Perdriat (1894-1969). Peintre et poète, elle fut découverte par Henri-Pierre Roché.
[5] René Chomette (1898-1981), est le véritable nom de René Clair, futur réalisateur de Paris qui dort (1923), d'Entracte (1924), du Fantôme du Moulin-Rouge (1924) ou encore de A nous la liberté (1931).
[6] Mireille Havet (1898-1932).
[7] Paul-Francis Noguères pseudonyme de Francis Ponge (1899-1988). Ce Sonnet (Pâle, et sentant en moi vibrer des accords sombres) est son premier poème publié. Francis Ponge est alors au lycée Louis-le-Grand, en hypokhâgne. René Chomette (René Clair), Raymond Payelle (Philippe Hériat), Maxime-François Poncet, autres collaborateurs de la revue, passèrent eux aussi par Louis-le-Grand.



Mis à jour le 28 mai 2011.

C'est lors d'une promenade parisienne me menant à la librairie Epigrammes située à l'angle de la rue Gérando et de la rue de Dunkerque que j'ai découvert ses 8 numéros de la rare Presqu'île qui ne nous pas encore livré tout ses secrets, n'en doutons-pas. Merci à Monik.

Dans Livrenblog : extraits d'un article de Pierre de Régnier sur La Revue Nègre.

Bibliographies de revues dans Livrenblog :

Revue L'Image, bibliographie complète et illustrée.
Bibliographie de la revue Le Beffroi (1ère partie), (2e partie), (3e partie), (4e partie).
Bibliographie illustrée et complète du journal Le Pierrot (1ère partie), (2e partie), (3e partie), (4e partie).
La revue Palladienne de 1 à 10
.
Les Contemporains A. Le Petit F. Champsaur.
La Revue des Lettres et des Arts 1867-1868.
La revue Matines. 1897-1898.
Le Bambou, Bibliographie illustrée.

Le Carillon.
1893-1894
La Revue d'Art. 1896-1897.
Les Gerbes. Revue littéraire bimensuelle. 1905 - 1906.
Le Feu, Marseille, 1905-1906.

La Rose Rouge, 1919. Cendrars, Salmon, Carco.
La Revue Contemporaine, Lille. 1900 - 1902
Le Thyrse. 1897.
La Cité d'Art et L'Art et l'Action. 1898 - 1899.
L'Idée Moderne 1894-1895.

Le Nouvel Echo 1892-1894.
La Poésie Moderne, 1882.

La Pléiade. 1886 et 1889.
La Basoche 1884-1886.
L'Aube Méridionale 1898-1899.
L'Élan littéraire 1885-1886.


mercredi 18 mai 2011

Stuart Merrill, New-York, 1886.



Over the Sea

New-York, le 24 mars 1886.

New-York ! Sous un poudroiement de soleil et de fumée d'usines, les rues tirées au cordeau filent entre les maisons de briques ou de pierre brune ; à la hauteur des premiers étages, sur un grêle treillis de fer, tonnent les wagons et les locomotives du « chemin de fer élevé. » Une foule affairée grouille sur les trottoirs ; les osseux Yankees brûlent le pavé de leur marche de tarentule ; les chinois en blouses de cotonnades bleue se balancent sur leurs sandales d'osier, et les nègres de toutes nuances, le rire au dents et les bras ballants, déambulent d'une allure roulante. Parfois une nuée de gamins s'abat, agitant comme des ailes les feuilles encore humides du Herald : « Lire les compte-rendu du boxing-match entre Mitchell et Sullivan ! » Et peu à peu, à mesure que la horde de jeunes camelots gagne le haut de la ville, leurs appels stridents s'éteignent, et dans la buée de bruit qui flotte sur la rue tintinnabulent les aigres clochettes des tramways. Si, dans un accès de rêverie, vous levez les yeux au ciel, vos regards s'accrochent dans un inextricable lacis de fils télégraphiques et téléphoniques, et vous vous heurtez aux poteaux mal dégrossis qui, de quinze en quinze mètres, jaillissent du bitume.

La ville américaine n'a rien de la pittoresque laideur des antiques capitales d'Europe. Point de murailles lézardées où grisaille le salpêtre ; point de pignons mordant l'azur de leur anguleuse silhouette ; point de ruelles tortueuses que franchissent, comme les arc-en-ciel, les loques multicolores des pauvres. La misère des villes italiennes a la grâce mélancolique des vieilles gloires ; celle des villes anglaises vous étreint au coeur comme une strophe du Dante ; mais le quartier Mouffetard de New-York, dans le rouge crû des briques, sue la banalité des choses neuves, comme ces paysages de banlieue que le poète Ajalbert, âpre aquafortiste de plume, aime à griffer sur le papier.

Est-il étonnant que nos grands poètes en prose et en vers, Thoreau, Nathaniel Hawthorne, Edgar Poe, Sidney Lanier, dans leur horreur de la monstrueuse métropole, se soient bercés dans les feuillages des primitives forêts ou dans les magiques fumées de l'opium et de l'alcool ? Thoreau vécut la vie d'un solitaire au fond des bois et laissa des pages infiniment plus tristes que celle de Rousseau ; Hawthorne, sensitif géant, craignait la foule comme un enfant, et n'oubliait ses artistiques douleurs qu'en vue des montagnes du Massachusetts ou sous la splendeur du soleil d'Italie ; Edgar Poe, oh ! Je n'ai pas le courage de parler du doux poète damné, dont l'oraison funèbre, écrite à jamais par Baudelaire, semble pleurer en lettres d'or sur des plaques d'airain ; Sidney Lanier, dévoré du double amour de la poésie et de la musique, se pâmant, la nuit, aux sanglots des beaux vers et des violons, laissa de miraculeuses mélodies, et, pâle nostalgique de l'idéal, mourut du désespoir.
Lamentable martyrologue ! En vue de ces cadavres nimbés de l'auréole de l'art, l'on éprouve un formidable désir d'étreindre par la crinière le sphinx de la vie, et de lui faire dégorger son secret !

Je me suis plû parfois à créer pour mes auteurs d'artificiels paradis. - Thoreau aurait été un mahatma bouddhiste, extasié sur un pic de l'Himalaya, scrutant l'éternelle vision de la réalité des choses. Hawthorne aurait hanté quelque donjon féodal, aux meurtrières barrées de fer, comme on en voit surgir dans les dessins d'Hugo. Poe aurait dessiné son ombre, la nuit, sous les louches lanternes, contre les murs du vieux Paris. Lanier, dans un féerique palais, aurait éternellement bercé son âme aux soupirs d'invisibles orchestres.
Mais la Fatalité au sceptre de fer a décrété que ces amants de l'Irréel devaient se heurter à l'abominable banalité de la moderne Amérique. Le malheur leur a tiré de sombres lamentations, et les voilà morts, et déjà le vacarme des Bourses éteint la mélodie de leurs phrases. Le Beau est mort ; vive l'Utile !

Au moment où je termine cette causerie, qui s'est laissé leurrer dans les paysages jaunes du spleen, mon regard se porte, au-dessus de mon écritoire, vers trois eaux-fortes encadrées de noir. Ce sont les portraits de Théophile Gautier, de Baudelaire et de Poe. Il est curieux de noter les gradations de tristesse sur ces trois visages. Gautier, aux tempes encadrées de boucles sculpturales, redresse sa nuque puissante avec une fierté d'athlète et de poète ; mais en ses yeux, qui s'ouvrent sous de lourds sourcils, erre je ne sais quel désir inapaisé. Baudelaire, courbant le front, vous fixe de ses ensorceleuses prunelles, et son visage se plisse sous un sourire amer ; cependant la pose est calme ; on y devine la douleur de l'artiste, mais non celle du révolté. Quant à Poe, jamais ne saurai décrire sa terrifiante expression. Très pâle contre un fond noir, sa tête se dresse, agitant des cheveux sombres comme l'Erèbe ; un ombreux sillon lui creuse la joue droite, de la narine à la bouche, et sa lèvre se crispe dans un sourire de haine et de mépris ; ses yeux – ô ces yeux ! - expriment la terreur de la bête hantée par la meute, et flamboient sous un large et haut front, pareil à celui de Lucifer, le beau roi des anges révoltés.
Pourquoi fallait-il que le divin poète souillât ce front dans la fange des ruisseaux de Baltimore ? Pourquoi, ô bourgeois implacables, placides assassins de l'idéal, inventeurs de la lessiveuse automatique et du linge en celluloïd ? Pourquoi ?...

Stuart Merrill.

P. S. - Henry Gréville, épouse Durand, est en train de nous donner ici des conférences sur l'Art intimiste en France. Va-t-en voir, ô mon âme, si le pot-au-feu est à point !
La Basoche, avril 1886.

La Basoche, du 13 novembre 1884 à avril 1886, les tables.
La Basoche dans Les Petites Revues.




Le Roman populaire en 1890. Lucien Descaves.



Lucien Descaves.
Le Roman populaire.
Enquêtes parisiennes.

J'ai cherché vainement, à l'Exposition, parmi les industries diverses groupées sous le dôme central, à côté de l'ébéniste, du tapissier et du tisseur, entre les papiers peints et la bonneterie, une industrie nationale florissante, exempte de chômage et de grèves, et dont la main-d'œuvre est considérable. J'ai vu opérer le verrier, le confiseur, la brodeuse, le fabricant de papier, les typographes du Figaro, les aveugles même ; mais je n'ai pas vu travailler le romancier populaire, je n'ai pas vu faire le feuilleton à la main, le seul connu, en attendant qu'un Jacquart invente le feuilleton mécanique, un métier à tisser le pathétique.
Cette lacune m'a donné l'idée de circuler, en curieux, dans le petit monde très particulier, très vivant, qui répand le sentiment et l'horreur sur la foule, avec le vaporisateur du, journal à cinq centimes.
Des vieilles fabriques où se fournissaient nos ascendants, quatre ou cinq seulement écoulent encore leurs produits surannés ; une eau de Cologne, dont tout le monde connaît la recette et qui n'a plus de dépôts qu'en province où l'habitude, la tradition président tardivement à la toilette de l'esprit. Telles les marques célèbres A. Dumas père et Cie, Emile Gaboriau, Eugène Sue, Ponson du Terrail, Paul Féval ; et leurs succursales fermées : Zaccone, Elie Berthet, Gonzalès, Gustave Aimard, etc.
Leurs successeurs ont renouvelé l'outillage démodé du feuilleton, inventé des procédés de fabrication qui permettent de satisfaire avec rapidité les appétits de lecture les plus exigeants. Dénombrons-les.
Trois catégories. Les patrons : MM. Jules Mary, Emile Richebourg, d'Ennery et Xavier de Montépin.
Les contre-maîtres MM. du Boisgobey, Alexis Bouvier, Cadol, A. Mattey, Demesse, Mérouvel, Debans, de Gastyne, Sales, Lermina ; Mmes d'Aigremont-Ninous et Maldague.
La foule anonyme des manœuvres, enfin, que mon intention de ne désobliger personne laissera dans l'ombre où ils végètent.

Les patrons se distribuent ainsi : un jeune homme, un sexagénaire et deux macrobes ; MM. de Montépin et d'Ennery. Celui-ci n'a pas blanchi en vieillissant. Il donne même l'illusion du rajeunissement. Entré fort tard dans le roman populaire, il y retrouve les succès que commençaient à lui refuser ses drames caducs. Le zèle de collaborateurs éclairés lui permet d'appliquer à ses pièces le procédé bien connu des parfumeurs, lequel consiste, avec des matières premières toujours les mêmes, à trouver des artifices de confection, d'étiquette, pour faire accepter par le consommateur l'article invendable différemment présenté.
C'est ainsi que de Jenny l'ouvrière, de la Grâce de Dieu, des Deux orphelines, etc... sont sortis ou vont naître d'extraordinaires feuilletons bâtards, au rebours de MM. Montépin et Mary qui tirent, mais inversement, deux moutures d'un sac. Ces combinaisons ne sont pas qu'adroites et fructueuses ; elles sont judicieuses aussi. Il paraît naturel que les mêmes péripéties, d'un usage éprouvé, alimentent à travers les générations ces deux jumeaux : le spectateur de l'Ambigu et le lecteur des omnibus, de l'atelier, de la loge, de tous les petits endroits où peut s'introduire cette littérature portative. Aussi m'étonne-t-on médiocrement en prêtant aux ravaudeurs qui mettent en feuilleton les pièces de M. d'Ennery, le dessein de ressemeler à nouveau, pour le théâtre, ce qu'ils lui ont emprunté !

M. de Montépin est l'infatigable auteur de ces romans qui finissent à regret - vers le 250° numéro -, après avoir dévoré un peu plus de soixante mille lignes ! Dirai-je la raison de cette longévité anormale ? A l'encontre de MM. Richebourg et Mary qui, traitant à forfait, terminent leurs productions, l'un vers 30,000, l'autre vers 20,000 lignes, M. Montépin, pour qui chacune de ces lignes représente, l'heure de travail d'un ouvrier estimé dans sa partie, prodigue inépuisablement les dialogues saupoudrés de monosyllabes entre tiret et point exclamatif. Il écrit ainsi des romans d'haleine. Et personne ne la trouve forte.
M; Richebourg, sur le déclin de l'âge et fatigué, semble s'être laissé distancer dans la faveur publique par M. Mary. Il lui reste la gloire d'avoir, le premier, substitué le roman-orgeat au roman- charogne vilipendé par Th. Gautier, aux récits héroïques de Dumas et de Sue, aux romans de cape et d'épée enfin, lesquels ne sont plus, depuis que M. Saunière, le dernier exploiteur du genre, s'est retiré des affaires, qu'un prétexte à livraisons où des bois payés cent sous nous restituent approximativement les époques disparues.
Reste, M. Mary, de beaucoup le plus jeune et le plus intéressant, tant par son application que par les réflexions générales qu'il suggère.
On me dit que, dans sa bibliothèque, source et Liebig d'émotions, les causes célèbres et le répertoire dramatique où s'abreuvent ses confrères, voisinent avec les dernières découvertes médicales, les recueils pathologiques, des ouvrages scientifiques dont la sauce semble le moins convenir au civet populaire. On me dit encore que, devant accommoder le Régiment, par exemple, au goût de ses lecteurs, M. Mary s'entoure d'autant de notes de documents, de vérité, qu'un romancier à hautes visées... Et je sais enfin que son attachement reconnaissant au genre qui l'a enrichi est combattu par l'ardent désir de n'être pas confondu avec le ramas des confectionneurs. Ce désir, il l'exprime, par occasion, au Figaro, à l'Illustration ; et c'est là vraiment qu'est la révélation essentielle pour nous. Est-ce que la satisfaction commune de ces trois publics, en apparence si divers le public du petit journal, l'abonné du grand journal et le lecteur de l'illustré à 75 centimes, est-ce que cette aptitude à toucher leur corde sensible ne dénote pas surtout une parfaite concordance de goûts, d'idéal et cette nostalgie du rebattu, faisant qu'une lectrice de la Haute ou de la Moyenne assigne la table de son salon à Paul Bourget et le dessous de son oreiller à Jules Mary ?

Sous la plume de M. Mary, les petites histoires douceâtres de M. Richebourg se sont simplifiées en même temps que le mélodrame s'assainissait. Cette transformation était, d'ailleurs, indiquée par l'habitude qu'ont prise les petits journaux de servir à leurs lecteurs deux, trois, voire quatre feuilletons ! Ces tranches, plus légères, se digèrent aujourd'hui plus aisément, parait-il, et les masses dévorantes, par gratitude, font monter de 40 à 50,000 numéros le tirage du journal qui publie un roman de M. Mary. Il est même arrivé à celui-ci que l'intérêt et l'enthousiasme se traduisissent chez un armateur de Dunkerque par un legs in extremis de 10,000 francs !
Peut-être, à ce propos, ne vous sera-t- il pas indifférent de savoir ce que gagne, bon an mal an, un romancier populaire écouté ?
Comptons.
Trente à quarante mille lignes prises à forfait par la feuille qui les débite rapportent d'abord, net, à l'auteur, 30,000 francs. Le marc de feuilleton, dégusté ensuite en livraisons à dix centimes, lui procure un second bénéfice de 25,000 francs. En librairie, il est vrai, la vente est modeste trois à quatre mille exemplaires, soit 2,000 francs à ajouter aux cinquante-cinq mille déjà réalisés. Puis nous abordons la reproduction réglée par la Société des gens de lettres, après toutefois que le romancier a vendu un millier de francs le droit de priorité qu'il s'est réservé d'accorder à des journaux désignés. Or, la Société des gens de lettres fait présentement douze mille francs de rente à M. Mary, qui est le plus demandé sur le marché. Et notez bien que de ce chiffre sont défalqués les 20 0/0 prélevés sur la reproduction par la Société, escompte dont sont exonérés les auteurs tel M de Montépin qui traitent directement avec les journaux.
Est-ce tout ? Non. Si vous additionnez avec les soixante-dix mille francs atteints des droits de traduction assez copieux, en Italie surtout, c'est soixante-quinze mille francs environ que peut gagner, par an, le romancier populaire, patron. Et je ne fais pas entrer en ligne de compte la pièce tirée du feuilleton, un joli filon encore dans les mines de Roger-la-Honte ou de la Porteuse de pain.

Des contremaîtres, je dirai peu de chose. Le roman-feuilleton quotidien, c'est le sucre d'orge d'un sou. Dix minutes suffisent pour lire l'un et sucer l'autre. Il y a le sucre d'orge à la groseille, le sucre d'orge à la menthe, le sucre d'orge à l'absinthe... J'ai dit celui qui est le plus sucé.
Quelques spécialistes, comme MM. du Boisgobey et Bouvier, cultivent l'actualité. Leurs fournisseurs seront Marchahdon, Campi, Prado, l'incendie de l'Opéra-Comique, voire l'Exposition et la Tour Eiffel. Les plus nombreux retapent de vieilles causes célèbres. C'est ainsi que l'affaire du facteur Mano inspira Roger la Honte à M. Mary et Une Cause célèbre à M. d'Ennery.
Un cas de fécondité curieux, c'est celui de M. Alexis Bouvier avant la maladie qui l'éloigna du rez-de-chaussée des journaux populaires. Le secrétaire qu'il employait, venant m'offrir ses services, me dit :
- J'ai sur mes concurrents une supériorité que M. Bouvier appréciait fort. Il dictait, je sténographiais. Je puis rendre 5,000 lignes par jour, soit un roman en une semaine au plus. Remarquez-le, je permets au romancier qui se promène en dictant, de concilier le travail et l'hygiène, l'exercice du corps et la gymnastique de la pensée !
C'est encore M. Alexis Bouvier qui est coutumier des titres comme Mademoiselle Beaubaiser, sage-femme ! dont, un moment, la trivialité détrôna les étiquettes horrifiques familières à M. Louis Noir, mis au rebut, lui aussi, après avoir excellé dans la quadruple reproduction du même roman sous différents titres.
Ils ont conservé une grosse importance pour le lancement. Ils vont jusqu'à dire la couleur du journal qui les arbore. Les Seins de marbre, par exemple, n'allécheront pas le public qui mord à Chaste et flétrie et au Remords d'un ange. Au résumé, de même qu'il est un peu revenu, ce bon public, des histoires touffues et compliquées que lui contaient Ponson du Terrail et Paul Féval, de même il préfère maintenant les titres simples, sans rallonges.

C'est qu'il est exigeant, sous des dehors benoîts, l'amateur de feuilletons ! Ne Croyez pas que ce soit la dernière couche de lecteur, laquelle s'adressent les patrons et les contremaîtres. Il y a au-dessous encore - et là nous touchons le fond la niaiserie humaine - il y à l'acheteur de livraisons illustrées avec qui ont surtout affaire les tâcherons et les manoeuvres de l'industrie romancière.
Ils se subdivisent eux-mêmes en deux catégories dont je vais essayer de vous donner une idée.
L'auteur à succès, je le rappelle, a vendu 25,000 fr. à un entrepreneur de publications périodiques le droit de faire passer son roman des colonnes du journal dans le format de la livraison à dix centimes.
Le lancement bien compris coûtera trois ou quatre fois autant à l'éditeur, car c'est un million au moins de 1re et de 2e livraisons qu'on distribuera gratuitement, sans compter Paris couvert d'affiches et la réclame à la 4e page dès journaux. Or, si la livraison recevait simplement le roman tel qu'il a été donné dans le journal, l'exploitation serait désastreuse, chaque livraison dévorant en moyenne 500 lignes du feuilleton. Pour arriver aux 150 livraisons nécessaires, il faut donc que les 30,000 lignes qu'on possède en fournissent 75,000. C'est la tâche incombant au manœuvre. Semblable aux petits marchands qui, dans les foires, manipulent une guimauve élastique et tricolore, avant de la débiter en tronçons mesurés, il reprend, malaxe, triture le feuilleton jusqu'à ce qu'il ait sué ces 75,000 lignes.
Certains épisodes sacrifiés ou négligés sont développés, soufflés, engraissés ; des chapitres nouveaux naissent par enchantement - ou au forceps ; une végétation parasite pousse entre les lignes...Vous n'aviez donné qu'une dinde on vous la rend bourrée de marrons.
Il se peut faire même que là ne s'arrête pas la témérité de l'entrepreneur. Grisé par un succès dépassant ses prévisions, il décide que les vingt dernières livraisons restant à publier en feront quarante. Il faut tirer, tirer encore sur la guimauve. Ce n'est plus qu'un fil poisseux, un ahurissement... Des comparses, des passants, un commissionnaire apportant une lettre, un médecin appelé, révèlent leur enfance, des souvenirs, toute une histoire poussant sur l'autre, comme un champignon... Et le public digère cela sans sourciller.
Un des derniers romans populaires les plus retentissants a été traité de cette façon. Je n'invente rien.

On aurait tort, d'ailleurs, de croire que cette obscure cuisine est en honneur dans les cas précités seulement. Le feuilleton original le plus suivi, le mieux lancé, se prête, parfois, à d'analogues trafics. Commencé par l'un, continué par l'autre, il est achevé pan un troisième, sans qu'intervienne - sauf à la caisse - celui qui signe. Je sais deux grands romans populaires prodigieusement répandus, qui furent publiés dans ces conditions. Mais le théâtre et le café-concert ne vivent-ils pas d'expédients pareils ?
C'est le public qui dicte au directeur cette réponse à l'auteur favori disposé à signer un roman avec le modeste confrère qui le lui a apporté.
- Mon ami, je veux bien ; mais je vous avertis. Le feuilleton avec votre nom seul au bas vaut vingt sous la ligne ; je n'en donne plus que dix sous si vous tenez à désigner votre collaborateur. Généralement, entre le sacrifice de sa signature et le prix qu'on y met, le véritable et besogneux auteur du roman n'hésite pas.

Il me reste, pour finir, à parler du roman inédit en livraisons à dix et cinq centimes. C'est le bagne. Je comprendrais qu'on le fît fabriquer dans les prisons, moins, toutefois, au point de vue économique qu'en considération des surprises peut-être trouvables dans la simple autobiographie du récidiviste. En effet, nul ne peut se flatter, même dans les établissements pénitentiaires, de payer moins de trente sous chaque livraison de cinq cents lignes, oui, trente sous, prix de revient hautement confessé par un des adjucataires à qui elle rapporte une quarantaine de francs !
Des femmes, sous des pseudonymes, s'adonnent volontiers à ces pratiques périodiques que l'éditeur se réserve le droit d'arrêter à la centième livraison, si elles réussissent peu, ou de pousser, jusqu'à la 300e, si au contraire l'affaire paraît bonne. On n'est fixé à cet. égard que vers la 2e livraison, malgré le soin qu'on a pris de corser les premières. Ce chiffre. dépassé, l'acheteur qu'affriande la promesse d'un titre, d'un faux-titre, d'une couverture, etc... s'enlise en d'interminables séries d'une abondante ineptie.
C'est encore dans les bas-fonds de cette dernière catégorie que se recrute l'individu chargé d'introduire la couleur locale dans des œuvres d'un débit courant, à l'instar de l'homme qui fait des yeux au bouillon ! Des paysages, des ruines historiques, des coutumes, sont appropriés aux provinces où le livre est répandu. Une intrigue-type autorise toutes les substitutions de personnages, de noms et de milieux.
Enfin je dois une mention non au prêteur, mais à l'emprunteur sur titres, sur idées, pauvre diable battant la littérature en tous sens avec un de ces titres, une de ces idées, censément miraculeux, dont le mystère offre moins une collaboration qu'il ne sollicite cent sous. Car au physique s'arrête la ressemblance avec ses frères du monde des théâtres, parasites gras et fleuris vivant largement des affaires qu'ils brassent, des pour cent adroitement prélevés sur les pièces qu'ils signent sans en avoir écrit une réplique, un mot... Métier lucratif. Il l'est moins, celui du fournisseur d'idées et de titres pour romans populaire, si j'en juge d'après le pauvre hère qui se présentait l'autre jour, un Bottin sous le bras, chez certain éditeur de publications périodiques. C'est aussi de l'or en barre qu'il apportait. Et quelle ingéniosité dans la façon de l'offrir ?
- Savez-vous, monsieur, combien l'on compte de rues dans Paris ?
- !...
- Je le sais, moi, le Bottin dit : ...0000 ! Vous doutez-vous maintenant de ce que représentent de maisons ces... 0000 rues ?
- ?...
- Mettons, au bas mot, 000000. Soit un total d'environ.. 000000 concierges. Que penseriez-vous d'un roman en livraisons intitulé les Concierges de Paris ? Une fortune !...
Mais l'entrepreneur se dérobait... regrettait... saison prête... plus tard... revenir me voir... salue bien...
Et le bonhomme minable s'en alla, conduisant ailleurs, stoïquement, son haut-de-forme à soufflet, les boutonnières fracturées de son ample redingote et le volumineux Bottin semblable, de loin, à quelque pain de munition sous un bras de mendiant.

Lucien Descaves

Samedi 25 janvier 1890 Figaro Supplément Littéraire.
Lucien Descaves dans Livrenblog : L. Descaves dans Les Hommes du Jour. Jules Renard : Les Emmurés, roman par Lucien Descaves (« Les Livres » Mercure de France, Janvier 1895).

samedi 14 mai 2011

La Basoche avril 1886. Eau forte de Léon Dardenne.




Eau forte des Visions d'Arnold Goffin par Léon Dardenne
(originale 7 x 10 cm)

Léon Dardenne (1865-1912) Dans les années 1890 il participe au premier journal illustré belge, Le Petit Bleu. De 1898 à 1900 il sera le peintre d'une mission scientifique au Katanga.


La Basoche, du 13 novembre 1884 à avril 1886, les tables.

Sommaire et description à venir dans le blog Les Petites Revues.

La Basoche dans Les Petites Revues.

jeudi 12 mai 2011

Gustave Le Rouge : Verlainiens et Décadents.











Gustave Le Rouge : Verlainiens et Décadents. Editions Seheur, Masques et Idées, s.d., 13,5 x 18 cm, 254 pp., couverture rempliée. Illustrations hors texte (Masque de Paul Verlaine, Paul Verlaine par Gustave Le Rouge, Paul Verlaine d'après un portrait à l'huile de Robert Vallin, Stéphane Mallarmé croquis de Paul Verlaine, Sophus Claussens, Jules Tellier, Gustave Le Rouge au collège, Hugues Rebell d'après un dessin de Jean Veber).