vendredi 11 février 2011

La Renaissance Idéaliste. 1895-1896. Bibliographie.




La Renaissance Idéaliste.

Revue mensuelle [1895] puis bi-mensuelle [1896].

à partir du numéro 4 : En vente à la Librairie de l'Art Indépendant, 11 rue de la Chaussée d'Antin et [pour le numéro 4 uniquement :] Chez Chamuel, 79 rue du Faubourg Poissonnière [pour 1896 :] et en vente chez les principaux Libraires de Paris.

Directeur : Albert Fleury. Comité de Rédaction : Comte L. de Larmandy. Grillot de Givry. Georges Pioch. Cipa Godebski. Alexander von Sonnenberg [à partir du numéro 2 :] Edmond Pilon. Tout ce qui concerne la revue doit être adressé à M. Albert Fleury, directeur, 9, rue du Quatorze-Juillet, Bois-Colombes.

N° 1, janvier 1895.

Prothême par Albert Fleury. Images de Regret et d'Espérance par Edmond Pilon. Onolâtrie par Comte Léonce de Larmandie. Pour les Lys par Georges Pioch. Pour celles que l'Art éternisera par Georges Pioch. Théologie esthétique par Grillot de Givry. Chronique d'art par Cipa. (32 pages in-8 raisin. Tirée à 500 exemplaires).

N° 2, février 1895.

Le Droit du Passé par Albert Fleury. Les Mains [poème] de Germain Nouveau. La Sociologie est-elle une science ? Par Pierre Denis. Une Bonne Offrande par Georges Pioch. Les Vieux qui furent célèbres par Georges Pioch. Le Sacre de l'Echafaud par Comte Léonce de Larmandie. Chronique d'art par Cipa. Bulletin. (36 pages in-8 raisin. Tirée à 200 exemplaires).

N° 3, mars 1895.

Le Salon de la Rose+Croix par Albert Fleury. Poèmes par Edmond Pilon. Ad Occasum par Comte Léonce de Larmandie. L'intimité des Grands Hommes [Wagner] par Cyprien Godebski. Lettre à l'Archevèque de Paris par Grillot de Givry. Chronique d'art par Cipa. Expositions par Comte d'Aincourt. (32 pages in-8 raisin. Tirée à 200 exemplaires).

N° 4, avril 1895.

Le Livre du Sceptre par le Sar Péladan. Poèmes par Georges Pioch. L'intimité des Grands Hommes par Cyprien Godebski. Horreur posthume par Comte Léonce de Larmandie. Fils des faunes par Félix Hautfort. Du Patriotisme en art par Albert Fleury. Chronique d'art par Cipa. Bulletin. (36 pages in-8 raisin. Tirée à 200 exemplaires).

N° 5, mai 1895.

Lettre à Monsieur Poincaré par le Sar Péladan. Poèmes par Edmond Pilon. L'intimité des Grands Hommes par Cyprien Godebski. Deux portraits [Paul Verlaine. Villiers de l'Isle-Adam] par Comte Léonce de Larmandie. L'Amante des fleurs par Georges Pioch. Solitude par Grillot de Givry. Parabole par Albert Fleury. Chronique d'art par Cipa. Bulletin. (36 pages in-8 raisin. Tirée à 200 exemplaires).

N° 6, juin 1895.

Les Cahiers d'un Indifférent. Paroles vers Elle par Albert Fleury. La Foudre aujourd'hui par Comte Léonce de Larmandie. L'intimité des Grands Hommes par Cyprien Godebski. La Religion et la Science par Grillot de Givry. Le Salon des Champs-Elysées en 1895 par Albert Fleury. Chronique d'art par Cipa. Bulletin. (32 pages in-8 raisin. Tirée à 200 exemplaires).

N° 7, juillet 1895.

Notule par Albert Fleury [sur l'arrêt de la publication des Cahiers d'un Indifférent par la revue] (1). De l'évolution poétique par Albert Fleury. Les doreurs de Trirèmes par Edmond Pilon. L'intimité des Grands Hommes par Cyprien Godebski. Impuissance par Ryttho de Margghi. Dénonciation au Poète futur par Georges Pioch. Bibliographie par G. de G. Bulletin. (36 pages in-8 raisin. Tirée à 200 exemplaires).

N° 8 et 9, août-septembre 1895.

Paroles de celui qui revient par Albert Fleury. Balade funèbre par Comte Léonce de Larmandie. Les Trèves par Emmanuel Delbousquet. L'intimité des Grands Hommes par Cyprien Godebski. Dénonciation au Poète futur par Georges Pioch. Les Livres par Louis Lambert. Les Revues. (32 pages in-8 raisin. Tirée à 200 exemplaires).

N° 10, octobre 1895.

A propos du vers libre par Albert Fleury. La Pitié par Edmond Pilon. Aux Grands Hommes la Patrie reconnaissante par Grillot de Givry. Rêve d'Ame par Cipa. Dénonciation au Poète futur (suite) par Georges Pioch. Les Livres par Louis Lambert. Bulletin. (32 pages in-8 raisin. Tirée à 150 exemplaires)

N° 11, novembre 1895.

Le Départ par Albert Fleury. Critique des « Paroles vers Elle » [d'Albert Fleury] par Georges Pioch. L'intimité des Grands Hommes par Cyprien Godebski. Dénonciation au Poète futur (fin) par Georges Pioch. Expositions artistiques par Henri Boucher. Les Livres par Louis Lambert. Chronique d'art par Cipa. (32 pages in-8 raisin. Tirée à 150 exemplaires)

N° 12, décembre 1895.

Lettre de L'Indifférent. Le Livre de Lesbie par Georges Pioch. Souvenirs de Naples par Cyprien Godebski. Voleur de Génie par Comte Léonce de Larmandie. Paroles des Poètes par Charles Vellay. Le Lion par Albert Fleury. Les Livres par Louis Lambert. Expositions artistiques par Henri Boucher. Chronique d'art par Cipa. (32 pages in-8 raisin. Tirée à 150 exemplaires)

Deuxième année, N° 13, du 1er au 15 janvier 1896.

Paul Verlaine par Albert Fleury. Poèmes par Edmond Pilon. Les Etranglés par Comte Léonce de Larmandie. Poèmes par Georges Pioch. (20 pages in-8 raisin. Tirée à 150 exemplaires)

Deuxième année, N° 13 bis, du 15 au 31 janvier 1896.

Fascicule critique : Les livres par Louis Lambert. Chronique dramatique par Georges Pioch. Exposition artistiques par Henri Boucher. Chronique musicale par Cipa. (16 pages in-8 raisin. Tirée à 150 exemplaires). Fusionne avec Le Rêve et l'Idée sur le titre commun de Documents sur le Naturisme.

(1) Les Cahiers d'un Indifférent ne seront point publiés dans La Renaissance Idéaliste. Devant la platitude et le bourgeoisisme de l'époque inepte, l'auteur craignant avec raison de faire du tort à une feuille dont tous les rédacteurs peuvent sembler solidaires quant aux idées, retire son manuscrit de la révélation pour le donner plus tard en son seul nom.
La violence de certaines pensées ne doit rendre responsable que celui qui les émet. Et tout en respectant beaucoup l'Indifférent qui burina son Verbe, je me dois à l'estime et surtout à la conciliation des membres du Comité de la revue. Le lecteur comprendra ainsi pourquoi nous ne pouvons continuer de lui offrir Les Cahiers commencés ; néanmoins nous sommes autorisé à lui annoncer la proche parution ; et c'est pour nous un espoir de les pouvoir commenter au jour voulu.
Albert Fleury.

Avant de rejoindre, de la pointe de la plume, le groupe des Naturistes qu'il appelle les "Annonciateurs", du nom de la revue de Saint Georges de Bouhélier, "L'Annonciation", Albert Fleury fait le tour des chapelles littéraires et présente une nouvelle génération optimiste et fidèle aux théories de l'art idéaliste :

Prothême


En une époque aussi peu tendante aux doctrines idéalistes que la présente, on a vu cependant éclore des centaines de petits cénacles tous plus ou moins titrés de fleurons purs et merveilleux. Il y eut les disciples de Mallarmé, ceux de Verlaine et ceux de Péladan, vinrent les Décadents, les Impressionnistes, les Symbolistes, les Mystiques, ceux qui prônèrent le vers libre et ceux qui le repoussèrent, plus récemment les Annonciateurs (1). Ce n'est point aujourd'hui que nous opinerons pour quels que ce soient ; et peut-être trouverait-on en chaque chapelle maintes qualités ignorées ; sans croire à l'éclectisme (cette négation de l'Art) il faut pourtant reconnaître que la moindre parcelle du Beau se trouvant, même égarée, en une oeuvre, mérite respect et vénération. En cet instant, nous bornerons notre tâche à un simple et rapide examen de l'état actuel des lettres. Mettant de côté le journalisme, boulevard extérieur de la littérature, ils nous faudra parler des récentes écoles qui, tendances de près ou de loin, vers un même but, offrirent et offrent quelque intérêt.

Les Parnassiens furent grands en un seul : Leconte de Lisle, qui sut marteler en marmoréennes cadences les strophes du plus pur lyrisme, et atteignit parfois à des hauteurs de verbe intémérables. Point n'est besoin de parler des autres ; sans le talent de leur maître, ils s'embarrassèrent des césures chères à Boileau et des rimes riches chères à Banville, et ne donnèrent que de vains bas-reliefs, estampillés encore d'un miniaturisme académique. L'école est morte et c'est un heur.

Des Décadents l'on rira ; car Floupette fut adorable, et ce n'est plus pour nous qu'un souvenir de vagues et gigantesques cannes tournoyant en la brume des pipes, au milieu des immondes brasseries qu'ils avaient élues pour repaires. Ces nobles verbifieurs intempestifs, qui s'étaient décorés du titre de la honte, sont maintenant écroulés sous le ridicule de leur effort naïf.

Sont venus les Annonciateurs qui chantent rythmiquement leurs charmants d'aubes nouvelles. En de nobles et vermeilles candeurs, ils projettent leurs âmes, ils balbutient leurs extases, et l'on doit estimer l'effort de Saint-Georges de Bouhélier.

Mallarmé aurait actuellement sa raison d'être si le Zola ou le Sarcey étaient encore respectés. Néanmoins son harmonie endormante et berceuse sut se plier gracilement aux rythmes plus bénins des vagues imprécisions ; Mallarmé, qui parfois fait songer à certains Redon, a droit à notre respect.

Plus contesté, Péladan, malgré les vain commérages d'un Tailhade fit sur lui, malgré les ineptes propos des brasseries littéraires, Péladan resplendit en son oeuvre. J'ai dit ailleurs ce qu'il fallait en dire (2). Ses fresques resteront comme un monument d'épouvante, en leur titre comme en leur épigraphe.

Puis vient Verlaine. Le grand Verlaine, celui qui berça nos douloureuses rêveries par les apaisements de Sagesse, celui dont le sanglot ironique des Fêtes galantes fit esquisser maint sourire bien triste, le poète, est mort. Ses Epigrammes l'attestent. Cependant, il fut grand : los à lui !

Que reste-t-il de tout cela ?

Rien. Ou du moins, épars à travers quelques volantes feuilles, de ci de là, éclairs aussitôt disparus, les jeunes, les ardents. - L'horizon s'ensanglante ; aux rougeurs des crépuscules passés, viennent s'ajouter les lueurs candides et fortes des espoirs invaincus, parce qu'inéprouvés. Le demain bêant veut ses victimes ; d'une enfance qui prochainement fleurira splendide, la Foi va faire éclore les germes inécoutés. Que voulons-nous, cohorte inattendue ? Loin des bouges malsains où l'atmosphère se corrompt et s'emmiasme, loin des coteries bureaucratiques et littéraires, nous avons songé, nous avons suivi les luttes stériles, et c'est pourquoi nous venons, pénétrés de l'inanité des vains efforts que les paroles essayent. Il ne faut pas que les juvéniles ardeurs s'éteignent sitôt nées. Sans dogme, sans vulgaires attaches, il faut clamer son verbe. Croyants d'une seule croyance : l'idéalisme, il faut marcher dans la large route illuminée des feux du jour. - « Sans dogme » ai-je dit, il en faut un pourtant : l'idéalisme pur.

L'Art n'est possible qu'idéaliste. Pourquoi ?

Voici :

Le Réalisme, c'est la vie, mais c'est la vie sans profondeur, c'est la description du vêtement d'un individu, de la nuance d'une cravate ; c'est, s'il faut parler d'une âme, la présentation d'un instinct, comme le Zola, voulant démontrer l'âme des foules, chose inexistante, puisque l'âme est purement individuelle ; toute collectivité devient instinctive. Ici se place une définition de l'âme : l'âme est la partie raisonnante de l'individu. A cet énoncé, le lecteur y verra l'intelligence : erreur. Cette dernière est le pôle passif de l'entendement ; l'entendement humain se divise en deux : l'âme et l'intelligence ; la première peut vibrer par sa propre force, tandis que la seconde n'est émotive qu'autant qu'impressionnée par l'âme. L'une peut vivre sans les sens, l'autre ne peut exister qu'adjuvée par eux ; l'une exprime les rapports de l'homme avec Dieu, l'autre les rapports de l'homme avec l'homme. Or le raisonnement est personnel : il ne se produit pas durant le même instant, à travers le monde entier, dans deux cerveaux humains différents, deux raisonnements identiquement semblables. Donc l'âme des foules est une expression niaise (3). Et toute expression du Verbe qui ne signifie pas un état d'âme est une inutilité.

Il faut donner aux mots le sens qui leur fut attaché pour se faire comprendre, sinon nous eussions brigué le titre de réalistes. Encore une fois, ceux qu'on appelle aujourd'hui de ce nom sont d'imparfaits ouvriers : ils décrivent la forme extérieure ; l'idéaliste, le psychologue parlera de l'esprit, de la partie insubstantielle, en d'autres termes, de la réalité existante de l'individu, puisque la matière ne se meut que par la communication animique. Nous n'en sommes pas, je présume, à la démonstration de l'existence de l'Esprit ; nous ne nous adressons pas, ici, aux arriérés de 1830. Le Métaphysicien plane plus haut encore puisqu'il parle des choses rêvées. Il concrétise ses visions, plus aubalement encore, plus impalpablement.

Les mots Renaissance, Régénération ont été trop souvent prononcés pour que nous les inscrivions en tête de cette publication ; pourtant l'ère est juvénile et pleine d'aspirations sonores ; et s'il fut une époque où l'exubérance artistique se révéla, nulle ne fut plus favorisée que la présente : c'est l'instant des luttes, et c'est aussi celui des paradoxes ; à ceux qui démontrèrent la décadence, les jeunes répondirent par des oeuvres fortes et superbes. Non, l'Art n'est pas mort, car il ne peut mourir ; il est débordé des fruits secs pleins d'emphase qui surent percer des rayons de leurs pâles lanternes les brumes des somnolences recueillies. L'éveil sera formidable et le Futur s'ouvre superbe ; mais loin de nous targuer des couleurs ancestrales, il nous faut révéler de nouvelles splendeurs. Certes un respect sacré n'indiffére point aux âmes hautes en face des reliques du profond Passé ; à lui qui nous ouvrit les portes des Temples surhumains, à lui notre agenouillée admiration ; mais aussi que les efforts ne soient point méconnus. C'est une pyramide de jeunesse qui se lève et veut vivre ; chaque homme doit dresser la statue de son orgueil en face des barbares iconoclastes ; c'est la tâche du critique, de l'impuissant, de rire en face des marmoréennes visions. Il faut passer, serein, au milieux des blasphèmes, parmi les foules indifférentes et souvent viles, il faut clamer son Verbe, inécouté qu'importe ! Plein de dédain pour les multitudes stériles, l'Artiste doit marcher dans la voie du mystère ; il doit oeuvrer pour ses frères d'idée : à ceux qui comprendront les Apocalypses futures l'auréole éternelle est promise, aux autres le néant. L'oeuvrant ne doit pas discuter, discuter c'est ralentir la marche, l'oeuvrant doit semer sa pensée, doit jeter les germes des splendeurs triomphales, sans souci des accueils : il est le grand semeur de mondes.

Parce qu'aux jours bénis des grands espoirs vermeils, alors que les Rêves germaient confusément en un profond désir et que d'étranges gloires se visionnaient plus spectralement encore, parce j'ai croisé les Purs, les Calmes et les Forts, incorrompus de l'ambiance et hautains d'un auguste Verbe, nous avons marché, précurseurs et héros, pleins de l'Orgueil qui nous anime.

Incorruptibles et hautains, nous marcherons encore ; nous marcherons vers l'Idée sainte ; à travers les brutaux et les monstres. Tâches bénies des Intellectuels, nous vengerons les blasphémés augustes et nous révélerons les germes bouillonnants. Parmi les blancs jardins parsemés de lys d'or, il nous faudra cueillir les symboles mystiques des alliances parfumées – pour conserver le Verbe et restaurer les Rites.

Et cela, parce qu'il doit en être ainsi.

Albert Fleury.


(1) Nous parlerons bientôt de ces derniers.
(2) La Plume
(3) Nous ferons plus tard l'analyse des moteurs de la foule.

La Renaissance Idéaliste, N° 1.



Bibliographies de revues dans Livrenblog :

Revue L'Image, bibliographie complète et illustrée.
Bibliographie de la revue Le Beffroi (1ère partie), (2e partie), (3e partie), (4e partie).
Bibliographie illustrée et complète du journal Le Pierrot (1ère partie), (2e partie), (3e partie), (4e partie).
La revue Palladienne de 1 à 10
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Les Contemporains A. Le Petit F. Champsaur.
La Revue des Lettres et des Arts 1867-1868.
La revue Matines. 1897-1898.
Le Bambou, Bibliographie illustrée.

Le Carillon.
1893-1894
La Revue d'Art. 1896-1897.
Les Gerbes. Revue littéraire bimensuelle. 1905 - 1906.
Le Feu, Marseille, 1905-1906.

La Rose Rouge, 1919. Cendrars, Salmon, Carco.
La Revue Contemporaine, Lille. 1900 - 1902
Le Thyrse. 1897.
La Cité d'Art et L'Art et l'Action. 1898 - 1899.
L'Idée Moderne 1894-1895.

Le Nouvel Echo 1892-1894.
La Poésie Moderne, 1882.

La Pléiade. 1886 et 1889.
La Basoche 1884-1886.
L'Aube Méridionale 1898-1899.
L'Élan littéraire 1885-1886.

Rappel : Le magnifique blog consacré par Mikaël Lugan aux revues : Les Petites Revues, et notamment la recension du numéro hors-série des Tablettes, consacré à Albert Fleury.

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