Le Nouvel Echo, 1er mars 1892
L'Ecornifleur, par J. Renard (chez Ollendorff, Paris, 1892)
Ce jeune homme, nullement intrigant, devient l'ami des Vernet, cossus bourgeois quadragénaires, rénove leurs conversations, anime leur vie, se laisse emmener à la mer, s'occupe des bagages, dirige la conscience littéraire de madame, dit quelques impertinences, écoute de monsieur la relation d'imaginaires équipées, fait des vers, les récite, joue avec la nièce de ses hôtes, lui apprend à nager, la viole à demi, et, comme il était déjà un peu l'amant de madame, et qu'il n'a pas le goût des grandes situations, il part, regretté de tous. L'Écornifleur, dont l'affabulation importe peu, est écrit en cinquante-cinq laconiques chapitres ; récit à la première personne, interrompu par des dialogues disposés comme dans les brochures de pièces. Le ton : un assez joli cynisme, une drôlerie aiguë et brève, un pince-sans-rire très travaillé. - Myriade de notations ténues, caractéristiques toujours. Style net, preste, maigre, auquel s'incorporent jovialement les idiotismes du langage familier. Un peu de Vallès. Des paysages en trois mots. Des silhouettes, celles, si l'on veut, de ces marins « cuivreux, avec des barbes comme des herbages »... « sous leurs capotes enduites d'huile cuite »... « trempés et laissant, les bras écartés, s'égoutter leurs doigts. »
Willy.
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