vendredi 17 octobre 2008

NOS MUSICIENS par WILLY et BRUNELLESCHI


NOS MUSICIENS 1ère partie

Willy, encore lui, ne fut pas seulement le père des Claudines, le mari de Colette, le "directeur" d'un atelier d'écrivains où se confectionnèrent nombre de roman "gais" avec la collaboration de Curnonsky, Paul-Jean Toulet, Jean de Tinan, Xavier-Marcel Boulestin, Francis Carco, Pierre Veber, Paul Acker, Armory, Christian Beck, Sylvain Bonmariage, Georges Docquois, Théo Varlet et tant d'autres, il fut aussi, mélomane avisé, et wagnérien fanatique, l'auteur des chroniques musicales signées L'Ouvreuse (La Colle aux Quintes, Accords perdus, Rythmes et rires, Bains de sons, La Mouche des croches, Notes sans portée, Entre deux airs, L'Ouvreuse du Cirque d'Eté, La Ronde des Blanches, Garçon l'audition !) auquelles collaborèrent parait-il, Alfred Ernst, Pierre de Bréville ou Emile Vuillermoz. Dans le numéro de L'Assiette au Beurre N° 78, du 27 septembre 1902, intitulé Nos Musiciens, il signe les légendes accompagnant les caricatures de Umberto Brunelleschi (signées de son pseudo Aroun al Rascid).

CHARPENTIER :
Avant de décrocher le prix de Rome sauveur, en 1887, l'auteur de la Vie d'un Poète couchait dans une carrière ; il a bien fait la sienne depuis. Robuste et caressante, sa vigueur ne doit rien à Wagner, et sa grâce, Dieu merci ! Se démanssenettise. - Les deux cent mille francs rapportés par Louise ont laissé au compagnon Charpentier cette dégaine de rapin anarcho, qui lui vaut tant de coeurs féminins, à Montmartre ; mais, pas d'erreur, les falzards à carreaux n'y font rien, c'est un artiste, un vrai : son écriture, de netteté impeccable, sait s'alanguir en indolences exquises ; trop fin pour condescendre aux vacarmes faciles, ressource de tant de frénétiques impuissants, qui tirent des pétards dans leur orchestre et s'évertuent en fusées vite éteintes, ses négligences sont ses plus grands feux d'artifice. Entre deux couronnements de muse, il s'occupe de moraliser les midinettes, en leur procurant le théâtre à l'oeil.


Théodore DUBOIS
Déodatus Ligneus (Linné) qualifié par un de ses professeurs : pète-sec et pisse froid. Ressemble à un proviseur de petit ville, qui serait de la vache à Colas. Théodore compose moins, depuis qu'il bourdonne directorialement dans la ruche malsaine du Faubourg Poissonnière. Souhaitons qu'il n'en sorte qu'à sa mort. C'est, d'ailleurs, son boeu le plus cher. « Pour rester là, assure Courteline, il brûle des cierges, se couvre de gris-gris, collectionne des fétiches ».... Théodore cherche des amulettes.


SAINT-SAËNS
En 1838, le petit Camille, enfant prodigue, ébouriffait les mélomanes de la rue du Jardinet, en triturant les Pleyels avec des menottes impubères. A perdu son talent de pianiste et conservé une âme de virtuose. Wagnérien bougon, devenu réactionnaire grincheux, il n'ignore rien de ce qui s'enseigne, et pas un pédant d'outre-Rhin ne sait autant que ce Français clair, qui excelle dans la fugue..... jusqu'aux Canaries. Montre un goût sadique pour les plus effarants librettistes : Détroyat, Vacqueries, Mme Dieulafoy et lui-même !


WIDOR
L'auteur de Maître Ambross a les cheveux idem et la douce manie de se croire le Schumann français, bien que sa Nuit de Valpurgis ressemble à Faust, et ses Soirs d'Eté aux Lieder, comme Ponsard à Corneille. En fait, c'est le Fauré du pauvre. Il ne se vend plus guère ; pourtant, dans deux ou trois salons dont la musicalité se démode, il culmine encore. « Le Widor est toujours debout ! »

REYER
Un Marseillais moustachu, qui déteste les pianos et l'auteur d'Esclarmonde-où-l'on s'ennuie, qu'il surnomme, avec un mépris rageur « Mam'zelle Massenette ». Coutumier d'une orchestration pauvre, mais honnête, ce sous-off bourru est le seul à montrer, parfois, un peu de poésie ingénument vraie. Adore les tierces de flûtes et les gotons : « On m'a fait passer pour un homme à bonnes fortunes, répète-t-il volontiers. Quelle blague ! De la fortune, jamais ! Des bonnes, toujours! »


PLANQUETTE
Elève de Duprato. S'est fait aider par sa mère dans la perpétration des Cloches de Corneville. Seul, il a confectionné une hottée d'opérettes pas plus mauvaises que Rip et se demande pourquoi elles n'ont pas réussi comme lui. Je me le demande aussi. Mélodies pour piqueuses de bottines, orchestration à la bonne planquette.


LENEPVEU
Frère du peintre religieux, et plus rasant encore. Ce Normand constipé produit péniblement des Florentins, des Velleda, déjections musicales si nulles, si nulles, que ses collègues de l'Institut eux-même s'en aperçoivent...



PUCCINI
Ce transalpin roublard, aussi réservé que sa musique est tutoyeuse, a risqué une Manon Lescaut, qui ne recule pas, elle, devant la scène du Désert. (Qu'en pense Massenet ?) On peut lui reconnaître une certaine vivacité scénique, mais quelle vacuité instrumentale, quelles harmonies creuses que celle de la Vide Bohème !



WALDTEUFFEL
Ce nom, assure un lexique facétieux, désigne une catégorie de « Singes allemands ». Los et autres Violettes, servent si utilement les desseins de la Ligue pour la repopulation.

LECOCQ
Après avoir fait primer du contrepoint, en 1852, puis partagé un prix de fugue avec Bizet, il se cantonna dans les jovialités lucratives de l'opérette. Encore que, voulant souffler plus haut que sa bouche, il ait écrit quelques motets bassinants, tout comme un autre, et de la musicographie lourdement prétentieuse, il demeure l'Offenbach des familles.

MASSENET
Enfant chéri des dames. Ce Stéphanois talentueux reçut, en 1842; le prénom de Jules, et ne s 'en est pas consolé. Incessamment, il « courtise la muse » mais ne prend, pour lui faire un enfant, nulle peine, même légère. De là, certains ratages. Auteur d'une trentaine de partitions, dont la plus sincère est l'Adorable Sidi Belboul. Cet officiant religioso-critique pour mysticocottes, verse son eau bénite parfumée dans d'étranges porcelaines. En traîne de Wagner, pose, comme feu Gounod, pour adorer Mozart et répète : « Lui, c'est le maître ». Massenet n'est que la sous-maîtresse.


Nos Musiciens suite.


Willy sur Livrenblog : Cyprien Godebski / Willy. Controverse autour de Wagner. Les Académisables : Willy. Une photo de Mina Schrader, esthéte et anarchiste. Willy, Lemice-Terrieux et le Yoghi. Romain Coolus présente quelques amis. Colette, Willy, Missy - Willy, Colette, Missy (bis). Pourquoi j’achète les livres dont personne ne veut ?.
La Peur dans l'île. Catulle Mendès.
Le Chapeau de Willy par Georges Lecomte. Nos Musiciens (suite) par Willy et Brunelleschi. Willy l'Ouvreuse & Lamoureux. Quand ils se battent : Willy et Julien Leclercq. Willy préface pour Solenière par Claudine. Léo Trézenik et son journal Lutèce. Jean de Tinan, Willy, petite revue de presse. En Bombe avec Willy. Maîtresse d'Esthètes par Papyrus. Quand les Violons sont partis d'Edouard Dubus par Willy. Le Jardin Fleuri. R. de Seyssau par Henry Gauthier-Villars. Willy fait de la publicité.

Brunelleschi sur Livrenblog :
Ernest La Jeunesse - La Foire aux Croutes
Ernest La Jeunesse - La Foire aux croutes suite



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