Ce 12 février 1888.
Mon cher ami,
Par une série de circonstances incroyables, - de transpositions, de dédicaces, etc., - il se trouve une chose vraiment inouïe :
Sur les vingts nouvelles du volume Histoires Insolites, qui va paraître, c'est vous – c'est-à-dire celui auquel il me semble, il était non seulement d'amitié mais de devoir le plus élémentaire de dédier la moins niaise de ces anecdotes, - il se trouve qu'après en avoir eu deux (Hallidonhill et Conte de Fin d'été) vous avez été OMIS !! Par ces perpétuelles transpositions ! Et faute d'avoir mes tierces sous les yeux. - Je suis, en vérité humilié, je vous l'avoue humblement, de cette criminelle étourderie.
Je tâche, à l'instant, de la réparer du moins mal possible, en vous dédiant les Filles de Milton, qui vont paraître chez M. Baschet dans la Revue.
Mais, comprenez-vous ce qui est arrivé ! Est-ce assez inepte, assez ennuyeux !! Oh ! Je vous l'expliquerai de vive voix, et alors vous verrez la filière. Comment cette confusion s'est-elle produite, je ne peux pas moi-même le comprendre.
Remarquez-bien que ce n'est rien, une nouvelle dédiée ou non, qu'importe ! Mais c'est pour moi, bien plutôt qu'est la contrariété, parce que c'est absurde ! Parce qu'en vérité je suis honteux.
Mon cher Michelet, je pars pour Bruxelles demain matin, je vous serre la main en toute hâte, et vous prie, du fond du cœur, de comprendre, malgré tout, que ce n'est pas tout à fait de ma faute, et il est impossible d'en être plus vivement peiné que je ne le suis ; cette imprimerie où l'on confond les bons à tirer et les épreuves est une chose triste.
Mais je vous en dédierai deux, et je tâcherai qu'elles ne soient pas trop indignes de votre amitié et de votre intelligence ; j'ai l'air d'un ingrat et cependant ce n'est pas vrai : c'est incroyable, voilà tout.
Villiers de l'Isle-Adam
Ombre pour ombre, Annie Le Brun (2)
Il y a 2 semaines
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