lundi 20 décembre 2010

Francis Poictevin et Juliette Adam


Notice

Un écrivain, une des gloires des lettres françaises modernes, nous fit l'honneur de nous choisir comme l'éditeur de son protégé, le jeune auteur de ce roman.
L'auteur de « Ludine », malgré le passeport de haute naturalisation donné par le maître, ne nous remit son manuscrit qu'en hésitant, doutant de son œuvre ; et loyalement, obéissant à un scrupule de conscience, il nous communiqua la pièce suivante, que nous demandons la permission d'imprimer ici, laissant le lecteur juge du débat.


La Nouvelle Revue
29, Bd Poissonnière
Paris

Direction

Paris, le 18 avril 1883.

Monsieur,

Ni la forme, ni le fond, ni le genre de votre étude féminine de Ludine ne peuvent convenir à la Nouvelle Revue. Cette prostituée inconsciente, idiote, autour de laquelle s'agitent tous les vices et toutes les bêtises, sans qu'aucuns aient le relief satanique qui donne des allures dantesques au mal, votre style cherché, tourmenté, souvent incompréhensible pour une femme passionnée de clarté, de belle langue française, me font vous dire : il n'y aura jamais rien de commun entre votre talent et ce que je goûte.

Mes regrets, Monsieur,

(signé) Juliette Adam.

Veuillez faire reprendre votre manuscrit à l'Administration de la Revue.


Devant cette recommandation du maître et le jugement exprimé par l'auteur de Païenne, nous n'hésitâmes pas un instant à imprimer le livre.

L'Éditeur.



Aucun commentaire: