mardi 22 mars 2011

Remy de Gourmont dans la Revue Biblio-Iconographique (III)




Articles de et sur Remy de Gourmont dans la Revue Biblio-Iconographique, suite :

- 1899.
Mars : Article. Essai de Bibliographie des « Petites Revues » à suivre, non signé, le nom de l'auteur, Remy de Gourmont, est indiqué sur la couverture (pp. 105 à 111).
Avril : Idem. Suite, signé Remy de Gourmont (pp. 176 à 180)
Mai : Idem. Suite, signé Remy de Gourmont (pp. 229 à 235)
Juin : Idem. Fin, non signé, le nom de l'auteur n'est pas indiqué sur la couverture (pp. 289 à 301)

[Article publié en volume : Les Petites Revues. Essai de bibliographie. Préface par Remy de Gourmont. Edition de la revue Biblio-iconographique, Librairie du Mercure de France, 15, rue de l'Echaudé, Paris, 1900. 1 vol. in-8 tiré à 200 exemplaires numérotés, 25 ex. sur Hollande, 5 fr ; 175 ex. sur vélin, 2 fr 50]

Juin : Articles, non signés, sur Les Saintes du Paradis (pp. 326 et 327) et Esthétique de la langue française (pp. 327 et 328) dans la rubrique "Les Livres".

Remy de Gourmont. Les Saintes du Paradis, XIX Poèmes et XIX Bois originaux de G. d'Espagnat (1). - Et du dit poème est fait hommage à Filiger « qui peint des fresques pour les cieux. Après une dédicace adressée à toutes femmes, s'égrènent les prières des Saintes et leurs « immages » comme naïvement taillées par d'Espagnat, ainsi que de petits paysages, marines, vues de monastères, semés en regard de ces prières.
Agathe est le premier nom offert à notre vénération, Agathe

« Joyau trouvé parmi les pierres de Sicile »

et, ses vertus énumérées, une invocation termine, qui reviendra à chaque sainte, selon les variantes nécessaires :

« Sainte Agathe mettez du feu dans notre sang ».

C'est ainsi que R. de Gourmont, nouvel hagiographe, s'efforce à caractériser les Saintes de son Paradis, et l'appui qui doit leur être demandé. Rien ne semble plus conforme aux litanies traditionnelles que ce mode de poésie mystico-liturgique, d'une saveur quasi-primitive que l'on appréciera. Il est vrai que R. de Gourmont sait trouver la forme, l'expression, l'idée qui enchantent. Ne nous dépeint-il pas Angèle (de Foligno) comme la contemplatrice héroïque du rêve ? Puis, vient Colette, après sa mort « restée fraîche comme pierre » et Gudule « parfum des roses et chanson des roseaux » ? Fort à propos, et devançant la sentence de Rome, il célèbre notre Jeanne (la Pucelle), que chantait déjà la célèbre ballade de François Villon :

« [Où est...] Jeanne la bonne Lorraine
Que Anglois brulèrent à Rouen ? »

Ne voit-on pas tout ce que les artistes, les écrivains, asséchés d'idées, puiseraient à ces sources de la « Légende dorée » de sujets de composition colorés et sincères ? Et nous, modestes pérégrins, qui cheminons, songeurs, emmi la vie des livres, et nos ennuis, peut-être, promenons par la poussière et le soleil, pénétrons un temps en ce bois de saint, proche le Paradis, et nos pensers y deviendront meilleurs et, comme l'ombre, le calme en nous descendra. - Ainsi soit-il.

(1) Paris, Librairie du Mercure de France, MDCCCXCVIII ; un vol. in-12 cavalier. - 125 exempl. Sur pap. de cuve, 20 ex. sur grand vélin d'Arches. - Impr. C. Renaudie.


Remy de Gourmont. Esthétique de la Langue française. - La Déformation – La Métaphore. - Le Cliché – Le Vers libre – Le Vers populaire (1). - Par « Esthétique de la langue française », R. de Gourmont a voulu entendre l'examen des conditions dans lesquelles notre langue doit évoluer pour maintenir sa beauté ou sa pureté originelle. Las ! Voilà vieux temps que Ramus, les Estienne, E. Dolet, Cl. Fauchet, etc., ne sont plus et ils forment légions ceux qui, depuis, entreprirent de régulariser le cours du langage français. On connaît le sens critique de l'auteur du Livre des Masques et l'on n'a point à s'étonner de l'agrément qu'il communique à cette publication philologique, un peu ardue. Dans les questions techniques d'origine, étymologie et autres, il est permis de différer parfois d'opinion, mais l'accord se fait complet lorsqu'il combat, au nom de l'esthétique, en l'honneur du Temple de la Beauté. Sachons-lui gré, au milieu de ces régions embroussaillées encore, de s'attarder pour effeuiller une note curieuse, une observation juste, dût-il, chemin faisant, molester un tantinet Littré, Brachet, Bréal, quitte plus loin à admirer « l'honnête » Vaugelas et ses leçons de langage, avec cet enthousiasme que d'Alembert manifestait pour le Monde primitif, si oublié, de Court de Gebelin. Mais il en veut à Lancelot, ce déformateur juré du français, et il piétine, de souvenir, dans les parterres du Jardin des Racines grecques. Ce pauvre Francis Wey n'est pas mieux traité, lui l'ancien chartiste. Que ne met-on au pilori ses Remarques et son Histoire des révolutions du langage, que l'étranger persiste à lire ? La langue française, au génie gréco-latin, a traversé tant de crises, subi tant d'infiltrations qu'il est sage sans doute de veiller ; mais, en même temps, qu'on se rassure par la pensée que sur son sol d'alluvions si riche, le vieil arbre des Chansons de geste, des Fabliaux, du XVIe siècle même, élagué sans merci, développera longtemps ses ramifications saines et puissantes. Et, si MM. Claveau, E. Deschanel, R. de Gourmont montent bonne garde autour du temple, il ne manque pas d'artistes de lettres pour orner ses autels.

(1) Paris, Société du Mercure de France, MDCCCXCIX ; in-12 de 323 pages. - Tirage à 12 exempl. Sur pap. de Hollande.

- Juin. Annonce d'Esthétique de la langue française dans la rubrique "Publications Nouvelles" (pp. 335)

- Novembre. Article sur Le Songe d'une Femme dans la rubrique "Les Livres" (pp. 432 et 433)

Remy de Gourmont. Le Songe d'une femme. - Roman familier (1). Livre frais et charmant, où les souvenirs, les espoirs, les rêves voltigent comme sans se poser, où le roman « par lettres » s'ébauche, se fuit, se rapproche. L'auteur qui se plaignait dans un de ses derniers volumes des écarts, des oublis d'esthétique commis à plaisir par les hommes de lettres, nous montre que l'on sait encore écrire, et choisit comme canevas ce mode intime à trame légère, dont on abusa longtemps mais qui rarement fut ouvré avec plus de réserve et plus de grâce. Au bas de chaque lettre, la signature autographiée joue un rôle attrayant de nouveauté. Remarquez encore, qui « savent ce qu'ignorent les hommes et les femmes », cela vous détache même parmi ces lettres une pièce de vers, d'une douce mélancolie : Les grands lys pâles rappellera, si l'on pouvait l'oublier, que Remy de Gourmont possède une égale maîtrise originale comme romancier, critique et poète.

(1) Paris, Société du Mercure de France, 1899 ; in-18 de 250 pages. - Tirage à part : dix exemplaires pap. Hollande numérotés.

- Décembre : Annonce pour Le Songe d'une femme dans la rubrique "Publications Nouvelles" (pp. 497)




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