mercredi 29 juin 2011

Laurent Tailhade par F.-A. Cazals



Laurent Tailhade

(Air : Les Canards tyroliens. - Thérésa.)

A Gustave Le Rouge.

I

Premier que prendre un porte-plume,
Laurent Tailhade se parfume :
Il sent le musc, il sent l'encens,
Lorsque soudain il dit : Je sens
Le Lotus de monsieur Papus
Ou le jus d' Baju [I], Caramba ! Quel jus !

Pieds, pieds, pieds, pieds,
Voici les pieds de Péladan ! [II]
Tra oula oula ou. Tra oula ou la ou.
Tra ou la ou la ou la.
Pieds, pieds, pieds, pieds,
C'est de la viande de cochons !
Tra ou laou laou. Traou la ou laou.
Tra ou la ou laou lala ou.
Tra ou la ou laou laou la ou la ou la...
Reniflez !

II

Pour giboyer, Laurent Tailhade,
Au Pays du mufl' se ballade :
Il voit Prudhomme et Bableuska
Qui piétinent dans leur caca.
Il courr' le bourgeois, le baudet,
Le veau, le goret, le snob et l'bidet...

Pieds, pieds, pieds, pieds,
Voici les pieds de Péladan !
Tra oula oula ou. Tra oula ou la ou.
Tra ou la ou la ou la.
Pieds, pieds, pieds, pieds,
C'est de la viande de cochons !
Tra ou laou laou. Traou la ou laou.
Tra ou la ou laou lala ou.
Tra ou la ou laou laou la ou la ou la...
Reniflez !

III

Chez la princesse ou dans un bouge
Laurent Tailhade est talon rouge ;
Au Moulin-Rouge il se prévaut
D' savoir accommoder le veau.
Pour un qui marche de travers
Il est très sévère et le met en vers...

Pieds, pieds, pieds, pieds,
Voici les pieds de Péladan !
Tra oula oula ou. Tra oula ou la ou.
Tra ou la ou la ou la.
Pieds, pieds, pieds, pieds,
C'est de la viande de cochons !
Tra ou laou laou. Traou la ou laou.
Tra ou la ou laou lala ou.
Tra ou la ou laou laou la ou la ou la...
Reniflez !

IV

Qu'un taureau succombe – ou que tombe,
Dans la Bourbonnière, une bombe,
Laurent qui dîne chez Foyot,
Dit, en secouant son jabot :
« Qu'importe la mort du taureau
(Ou du torero) si le geste est beau ! » [III]

Pieds, pieds, pieds, pieds,
Voici les pieds de Péladan !
Tra oula oula ou. Tra oula ou la ou.
Tra ou la ou la ou la.
Pieds, pieds, pieds, pieds,
C'est de la viande de cochons !
Tra ou laou laou. Traou la ou laou.
Tra ou la ou laou lala ou.
Tra ou la ou laou laou la ou la ou la...
Reniflez !

V

Quand Laurent Tailhade s'habille,
L'on dirait un grand de Castille ;
Tel don Quichotte se drapa,
Il se campe dans sa capa,
Puis il promène son profil,
Tout en répétant ce refrain subtil :

Pieds, pieds, pieds, pieds,
Voici les pieds de Péladan !
Tra oula oula ou. Tra oula ou la ou.
Tra ou la ou la ou la.
Pieds, pieds, pieds, pieds,
C'est de la viande de cochons !
Tra ou laou laou. Traou la ou laou.
Tra ou la ou laou lala ou.
Tra ou la ou laou laou la ou la ou la...
Reniflez !

[I] Anatole Baju (1861-1903) Fondateur de la revue Le Décadent. Voir Anatole Baju, portrait d'un décadent (1) (2) dans Bohème Littéraire.

[II] Tailhade s'est souvent moqué de Péladan. Dans sa Ballade du Marchand d'Orviétan parue dans Au pays du mufle (Préface d'A. Silvestre, L. Vanier, 1891) on peut lire :

Voici la rue et le plantain,
Le jus de taupe et la merd'oie ;
Voici la graisse de putain,
Le cloporte, le ver à soie
Et le bol que Fagon emploie.
Ci la Bête du Gévaudan,
Ecco le fiel de la baudroie :
Voici les pieds de Péladan !

[III] Laurent Tailhade, par ailleurs amateur de tauromachie, le 4 avril 1894 fut victime d'un attentat au restaurant Foyot, où il dînait avec une amie. Le restaurant se situait près du Palais-Bourbon. Taillhade y perdit un oeil. Voir : Philippe Oriol : A propos de l'attentat Foyot – Quelques question et quelques tentatives de réponses. Editions du Fourneau, Collection noire n° 1. Fornax. Le 9 septembre au banquet de la Plume à la suite de l'attentat de Vaillant à la chambre des députés, Tailhade avait déclaré à un journaliste « Qu'importe les victimes si le geste est beau », cette phrase qui fit scandale, lui sera rappelé au lendemain de l'attentat Foyot.





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