Société du Salon du PeupleFondée le 16 octobre 1909et Placée sous le haut patronage de :Emile Blémont, Maurice Bouchor, Alfred Bruneau, Saint-Georges de Bouhélier, Francis Casadesus, Gustave Charpentier, Ernest Chebroux, Frantz-Jourdain, Paul-Hyacinthe Loyson, Maurice Pottecher, Emile Solari, Julien Tiersot
Siège social : 85, rue Saint-Dominique Paris (7e)
Comité directeur :
Président : Charles Bourcier. Directeur de La Chimère, revue de littérature démocratique
Secrétaire : Pierre Minoggio, ouvrier sculpteur.
Secrétaire-adjoint : Gaston Sauvebois, homme de lettres.
Trésorier : Alphonse Tollemer, licencié en droit.
Membre-adjoint : Eugène Petit, architecte.DéclarationLa Société du Salon du Peuple est fondée dans une pensée très réfléchie de fraternité démocratique.
Elle ne peut admettre que, dans une société républicaine comme la société française, il existe deux castes de citoyens : les uns, qui possèdent le monopole du beau ; les autres, rien.
Elle est blessée dans son sentiment de justice sociale, par l'inégalité flagrante qui assure aux classes riches, aux classes cultivées de la nation, les jouissances les plus exquises, les plus élevées de l'esprit humain ; qui condamne les classes populaires à la pauvreté intellectuelle, à l'ignominie des cafés-concerts, des romans-feuilletons et des mélodrames.
Elle aperçoit dans ce manque d'équilibre un danger permanent, et pour le peuple et pour les artistes, et pour la nation toute entière.
Elle veut s'efforcer de le conjurer.
Elle a l'ambition d'offrir au peuple une nourriture cérébrale plus saine, plus tonique, plus abondante que celle qui lui est servie par d'éhontés exploiteurs, les trafiquants de fausse et vide et plate littérature populaire.
Elle a besoin du concours de tous les artistes. C'est à eux, au premier chef, qu'il appartient de lutter contre la concurrence déloyale et grossière de leurs contrefacteurs, les empoisonneur publics.
La Société du Salon du Peuple n'a d'autres ambitions que de grouper les efforts des véritables amis du peuple en vue d'une action méthodique et persévérante.
Elle a la conviction, en favorisant, par tous les moyens possibles, une pénétration toujours plus intimes du peuple et de l'art, de travailler à l'avantage bien compris de ces deux puissances.
Le Peuple et l'Art n'ont que trop tendance aujourd'hui à se regarder en ennemis. Il ne suffit pas d'arriver à ce qu'ils se connaissent l'un l'autre et perdent toute hostilité, toute défiance. Il faut qu'ils finissent par s'aimer.
Dans cette voie, c'est aux artistes à faire les premiers pas. C'est à eux à offrir au peuple quelque chose qu'il puisse assimiler, quelque chose d'accessible et de bienfaisant. Qu'ils renoncent à travailler au bénéfice exclusif d'une élite blasée et sceptique. Qu'ils se mettent résolument au service du peuple, non pour le flatter bassement, en démagogues, mais pour exalter en lui les plus nobles sentiments humains. Qu'ils remplissent, en un mot, le rôle , le très beau rôle qui leur est assigné dans une démocratie.
Consciente de la nécessité de son effort, la Société du Salon du Peuple est certaine de recevoir l'adhésion de tous les artistes, de tous les esprits généreux et clairvoyants.
On apprend dans le règlement du Salon que celui-ci aura lieu du 15 janvier au 28 février inclus. Le Salon soumet les œuvres envoyées à un jury d'admission de 15 membres. La Société est « particulièrement désireuse de favoriser le développement d'un art décoratif français », « Travaillant pour le peuple, c'est soit la décoration d'intérieurs pauvres, soit et surtout la décoration d'édifices publics – écoles, mairies, salle de fêtes, bibliothèques, maison du peuple, etc. - qu'ils [les artistes peintres] doivent avoir en vue. » « Il sera organisé à l'intérieur même du Salon, des lectures, causeries, conférences, concerts et auditions populaires. »
Cette tentative, peut être rapprocher des efforts, différents et antérieurs, d'éducation artistique des masses menés par l'association de Louis Lumet, l'Art pour tous et ses visites-conférences ou par la revue l'Education Artistique. Pour le théâtre, voir les expériences du Théâtre du peuple de Maurice Pottecher à Bussang en 1895, du Théâtre civique de Louis Lumet en 1897 et d'un Théâtre populaire à Paris par Camille de Sainte-Croix en 1903.
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