dimanche 21 février 2010

LAUTRÉAMONT. Une étonnante Pléiade




Les spécialistes d'Isidore Ducasse ne manquent pas, leurs recherches sont connues et publiées régulièrement dans les Cahiers Lautréamont, actes de Colloques et autre publications. Ainsi lorsque Gallimard annonça la publication d'une nouvelle édition, dans la Pléiade, des Œuvres complètes de Lautréamont, annotées par J.-L. Steinmetz, je m'étonnais de ne pas voir convoquer pour un tel travail, la fine fleur des chercheurs en histoire littéraire, en genèse textuelle, enfin tous ceux qui depuis des années recherchent les sources des textes maldororiens, tentent de découvrir des éléments biographiques, se penchent sur la réception de l'œuvre tant en France qu'à l'étranger (Jean-Jacques Lefrère, Michel Pierssens, Jean-Pierre Lassalle, Éric Nicolas, Sylvain-Christian David, Jean-Paul Goujon...). Non, la Pléiade, était confiée à un seul homme...

Le livre est sorti, présenté en grande pompe par le pape du marketing littéraire, Philippe Sollers lui-même. La Pléiade, fleuron culturel du groupe Gallimard, quasi institution, ne sera pas critiquée par la presse, les médias relaient l'information et les commentaires ne sont que laudateurs.

Pourtant cette publication pose de nombreux problèmes, et Jean-Jacques Lefrère, collaborateur régulier de la Quinzaine littéraire, propose à celle-ci un article très critique envers J.-L. Steinmetz et son travail. La Quinzaine littéraire refuse la publication du papier ! Heureusement l'Express, sur son site nous le donne dans son intégralité. Lautréamont en Pléiade, le rendez-vous manqué, nous semble soulever des questions d'importances, faut-il qu'une publication comme la Pléiade soit le résultat des recherches et des choix d'un seul homme, avec ses aprioris, ses préjugés, sa vision de l'œuvre ? Ne devrait-elle pas être plutôt la synthèse des différents travaux recherches laissant plus de place aux différentes sensibilités ? Le choix d'une équipe de chercheurs éviterait que le "compilateur", que devient nécessairement l'annotateur désireux de présenter les informations nouvelles trouvaient par d'autres, ne se voit confondu avec un simple pilleur. On pourrait croire revenue, avec cette polémique, la vieille querelle entre structuralistes et "biographistes", pourtant au vu des emprunts fait par J.-L. Steinmetz aux éléments biographiques, le champ de la bataille se déplace et ce sont plutôt ses "oublis" et ses références tronquées, ses notices négligées ("Léon Bloy, journaliste catholique"), qui posent problème.

Et si tout cela n'était qu'une question de marketing ?



Maldoror, le site.

Je profite de ce billet pour signaler que l'excellent volume de Maurice Saillet, Les Inventeurs de Maldoror, est toujours disponible aux éditions Le Temps qu'il fait, et pour bien sur conseiller la biographie d'Isidore Ducasse par Jean-Jacques Lefrère, parue chez Fayard en 1998.


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