lundi 25 mai 2009

Dans l'Épouvante de Hanns Heinz EWERS



Hanns Heinz EWERS
"un grand conteur visionnaire comme un mangeur de haschich"


4e de couverture de Dans l'Épouvante, Collection Littéraire de La Renaissance du Livre, s.d. [1921], in-12, broché, 256 pp., couverture illustrée par Sauvage. Traduction Féli Gautier et Marc Henry.

Ewers est un des talents les plus singuliers de l'époque actuelle et nous tenons Dans l'Épouvante pour le plus hallucinant des livres modernes. On songe à un Nodier ou à un Hoffmann, cliniciens, exploitant pour créer l'angoisse non pas le domaine de l'occulte, mais les pires déformations de la personnalité, de la hantise sentimentale au sadisme. L'observation est impitoyable, l'imagination, d'une puissance créatrice extraordinaire. Et l'on pourrait dire de ce livre que c'est « Anomalies » de M. Paul Bourget, traitées par un grand conteur visionnaire comme un mangeur de haschich, par un grand lyrique réaliste aussi qui, dans une sorte d'exaltation des génies nordique et latin, servie par une écriture remarquable, réunirait l'idéalisme symbolique de Maeterlinck, le lyrisme sensuel de d'Annunzio, le naturalisme de Holf et Schaf, et quelque chose encore d'Oscar Wilde. C'est le cauchemar de l'aventure.

Présentation de la nouvelle L'Araignée par le traducteur Marc-Henry, parue dans La Revue de Paris, 1er novembre 1927.

Né en 1871 à Dusseldorf, Hans Heinz Ewers n'appartient à aucune école. Après une jeunesse turbulente, il abandonna la carrière de la magistrature, à laquelle il se destinait, pour débuter dans la poésie satirique avec un recueil de fables qui eut une grande vogue. Mais bientôt il devait trouver sa voie dans la nouvelle fantastique et morbide où il excelle à créer une atmosphère d'obsession, de hantise et d'épouvante. Il publia deux volumes de nouvelles dans ce genre : Les Possédés et L'Épouvante (traduits en français). Son imagination fougueuse, ses dons d'observation, sa culture encyclopédique, son mépris des préjugés sociaux et de la morale courante lui valurent bientôt, avec une réputation de « mauvais sujet », des admirateurs passionnés – surtout des admiratrices – et des ennemis farouches. Il défendit publiquement, dans plusieurs conférences, le marquis de Sade (l'homme et son oeuvre) et se posa en champion du « satanisme ». Parmi ses romans, les deux plus célèbres (traduits dans toutes les langues) sont Mandragore, l'histoire d'un être étrange, créé artificiellement, et l'Apprenti-Sorcier, où la folie religieuse déchaînée par un jeune écrivain dans un village du Tyrol aboutit à la plus sanglante des tragédies. Inlassable globe-trotter, Hans Heinz Ewers a fait plusieurs fois le tour du monde et réuni en volumes ses impressions qui ne manquent pas d'originalité. Il s'intéresse également à la vie des bêtes et des insectes qu'il observe avec la minutie et le lyrisme d'un Fabre (dont il fut d'ailleurs le premier à faire connaître les oeuvres en Allemagne). Deux ans avant Maeterlinck, il publia un ouvrage remarquable sur les fourmis. Très familiarisé avec la langue et la littérature françaises, Ewers traduisit ou fît traduire en allemand les oeuvres de Villiers de l'Isle-Adam et de Théophile Gautier, et, parmi les contemporains, celles de Pierre Mille.

M.H.

Voir la bibliographie de Hanns Heinz Ewers sur le site du Visage vert.

A voir sur Livrenblog : Hanns Heinz EWERS : Alraune par Henri Albert

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