lundi 21 juillet 2008

Art et stratégie, de Divoire à Turpin.


En 1929, aux éditions de L'Epi, Georges Turpin, poète, romancier et critique d'art publie La Stratégie artistique. Précis documentaire et pratique, suivi d'opinions recueillies parmi les personnalités du monde des arts et de la critique.
Ce Vade-Mecum pour jeunes artistes en mal de reconnaissance, ce veut un «guide pour se mouvoir sans accroc dans la foule des confrères, des critiques, des salonniers, des marchands et des amateurs d'oeuvres d'art.» Contrairement au caustique Fernand Divoire avec sa Stratégie littéraire, Turpin plus pratique, veut faire profiter de son expérience les artistes en devenir. Le volume se termine sur une courte enquête sur le sujet dont voici les questions.

1° Croyez-vous qu'à l'instar de la Stratégie littéraire, que M. Fernand Divoire a codifié et dont il a énoncé les règles en un volume fort intéressant, il existe pour les artistes (peintres, sculpteurs et graveurs) une stratégie artistique dont les règles conduisent sinon à la gloire, du moins au succès ?
2° Considérez-vous que la critique d'art soit un facteur de succès, où niez-vous sa portée ?
3° Les artistes ont-ils intérêts à faire de la critique d'art ?

Le début de la réponse de Camille Mauclair vaut d'être reproduite, pour ce qu'elle possède encore d'actualité. Les méthodes de « promotions » des années 20, ventes fictives pour faire monter une cote, par exemple, sont encore monnaie courante au 21e siècle, le milieux reste lui toujours plus aux mains des snobs et des spéculateurs.


« Il existe en effet pour certains peintres une stratégie toute semblable à celle dont M. Fernand Divoire a énoncé les règles avec une si fine ironie. Elle s'exerce à l'Hôtel Drouot (rayon des ventes fictives), dans les boutiques de la rue de La Boêtie, de la rue de Seine, dans les cafés montparnassiens, chez les snobs et les spéculateurs internationaux, et elle conduit à la réclame, à la combine, à la galette, par des procédés où le talent à peu de part.
Le critique d'art est certainement un facteur de cette stratégie, puisqu'on appelle très souvent aujourd'hui « critique d'art » un démarcheur, courtier, annoncier, homme de paille, au service du consortium qui fait la cote picturale.»


Camille Mauclair.

A lire :

Fernand Divoire : Introduction à l'étude de la stratégie littéraire. Mille et une nuits, 2005. Établissement de l'édition, notes et postface par Francesco Viriat

Edition originale : Divoire (Fernand) : Introduction à l'étude de la stratégie littéraire. Sansot & Cie, 1912, in-16.

Divoire (Fernand) : Stratégie littéraire. Paris, éditions Baudinière, 23, rue du Caire, 1924.

Divoire (Fernand) : Stratégie littéraire. Édition définitive augmentée d'une étude de Charlotte Rabette et d'un portrait de Berthold Mahn. Paris, Georges-Célestin Crès, directeur de la Firme les Arts et le Livre, 1929.



Aucun commentaire: