dimanche 27 juillet 2008

369... Anthologie érotique par Hubert JUIN



Vu l'élévation de la température,
Aujourd'hui la volaille est à l'intérieur.

Gourmont, Apollinaire, Fleuret, Esternod, Nerciat, Restif de la Bretonne, Sachs, Mandiargues, Hardelet, L. Deharme, Michel Bernard, H. Rebell, Tinan, Marot, Rouveyre, Blessebois, Vian, Piron, Chaulieu, Glatigny, Jodelle, Magny, G. Nouveau, Delvau, Nodier, Sigogne, Péladan, Desnos, Denon, Gonzague-Frick, Louÿs, Viau, Gautier, Musset, Verlaine...
Hubert JUIN (1926-1987) avait de la lecture, poète et romancier lui-même, il se régalait à nous ravir de ses lectures. Nombreux sont ceux qui découvrirent tout un pan de la littérature fin-de-siècle grâce aux préfaces savoureuses et précises, qu'il donna dans la collection 10/18. Hubert Juin a de l'empathie pour les écrivains qu'il présente, il ne nous les fait pas simplement apprécier, il sait nous les faire aimer. Ses lectures et ses goûts l'entraînèrent bien en deçà et au-delà de la tourne du siècle (1). 369... est une anthologie de textes érotiques, pourquoi 369 ? « Peut-être y a-t-il dans cet ouvrage 369 citations, je n'ai pas compté », pourquoi le « second rayon » ? « Disons qu'il y a un plaisir du « second rayon » et que j'y ai succombé en tout. » A chaque pourquoi, un parce que, qui laisse entendre que l'auteur fait ce qui lui plaît, il n'en faut pas plus pour nous plaire. Entremêlées de citations choisies avec goût et malice, les interventions savamment comiques, légères et érudites de Juin nous éclairent sur leurs auteurs et leurs oeuvres, par un avis définitif ou une anecdote, il en profite même pour saluer un ami, souligner l'importance d'un auteur.

Bernard (Michel) : [...] Il a du style, un sens du « féerique » (très exactement) et juste ce qu'il faut d'humour pour n'être pas pesant. Le rêveur dans son château.
Caradec (François) : Ecrivain et chercheur [...] En outre un homme que l'on prend plaisir à fréquenter, en ce temps où l'esprit se fait rare.
Montbron (Fougeret de) : [...] On le mettra dans la compagnie de Caylus et de Duclos, ce qui lui sied à merveille.
Louÿs (Pierre) : [...] lorsqu'il conviait à dîner ses éditeurs il leur faisait préparer un plat de cervelles (je me dispose à suivre ce bon exemple).
Mandiargues (André Pieyre de) : On est sans excuse de n'avoir pas lu tous les livres de cet auteur, qui excelle dans le récit autant que dans l'essai, dans les vers autant que dans la prose.

Comment finir ce billet sans donner, pour l'exemple, deux citations, choisies, presque au hasard :

Il n'y a pas de mots
seulement des poils
Dans le monde sans verdure
Où mes seins sont rois
(Joyce Mansour)

Agrafée dans ce baiser de feu et comme enlevée par les lèvres qui pénétraient les siennes, aspirée par l'haleine qui la respirait, je la portai, toujours collée à moi, sur ce canapé de maroquin bleu, - mon gril de saint Laurent, depuis un mois que je m'y roulais en pensant à elle, - et dont le maroquin se mit à voluptueusement craquer sous son dos nu, car elle était à moitié nue. Elle sortait de son lit, et, pour venir, elle avait... le croirez-vous ? Été obligée de traverser la chambre où son père et sa mère dormaient !...
(Jules Barbey d'Aurevilly : Le rideau Cramoisi)

(1) Voir bibliographie ici. Livrenblog conseille particulièrement la lecture de : Léon Bloy, Ed. la Colombe, 1957. Barbey d'Aurevilly, Ed. Seghers, 1974. Ecrivains de l'avant-siècle, Pierre Seghers, 1972. Lectures du XIX ème, Ed. 10-18, 1976. Lectures du XIX ème, 2 éme tome, Ed. 10-18, 1977. Charles Nodier, Ed. Seghers, 1970. Charles Van Lerberghe, Pierre Seghers, 1969.

Pour les Gourmontiens, sachez, selon mon recensement perfectible, qu'il est question trois fois de Gourmont dans ce volume : tout d'abord à la page 14 dans la préface, puis il a droit à la citation de l'un de ses poèmes, page 26, dont voici le texte : Que tes seins soient bénis, car ils sont sacrilèges ! / Ils se sont mis tout nu, comme un printanier florilège, / Fleuri pour la caresse et la moisson des lèvres et des mains, / Fleurs du bord de la route, bonnes à toutes les mains, / Et l'hyacinthequi rêve là, avec un air triste de roi, / C'est le dernier amour de Jésus sur la croix. (Remy de Gourmont), une notice lui est consacré pages 27 et 28, puis son nom est encore cité dans la notice sur Claude d'Esternod page 57.


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