Entre août et octobre on nous annonce 727 romans, 493 français et 234 étrangers !!
Devant l'afflux de publications nouvelles, produits de l'industrie littéraire, j'offre à nos critiques les conseils qu'Hippolyte Babou donnait à ses confrères en 1875 :
"Tout jeune critique ressemble plus ou moins à l’homme aux rubans verts, à l’incorruptible, à l’intraitable Alceste. S’il a de l’imagination plus que de jugement, s’il a été quelques fois harcelé par le démon des poètes, comme il place très haut son idéal, il prendra pour devise, en le variant, le fameux alexandrin du Parnasse classique :
Rien n’est beau que le beau : le beau seul est aimable.
Plus tard, il accueillera le joli, tolérera le vrai, admettra peut-être le médiocre, et n’osera même plus condamner le mauvais. Il prendra dès lors pour devise le mot de ralliement des économistes du dernier siècle :
« Laissez faire, laissez passer. »
Notre époque démocratique a créé tout un monde nouveau de consommateurs littéraires. Il est donc bien naturel qu’il se soit formé du même coup tout un monde nouveau de producteurs de livres. A tant de lecteurs dévorants qui font passer la quantité avant la qualité, il a fallu des auteurs aux manches retroussées, qui travaillent vite et sans cesse, avec l’inconsciente et brutale activité des métiers à la vapeur.
Point de colère donc contre un fait nécessaire qui a pris l’importance d’une loi. Qu’en littérature comme en industrie, l’offre réponde librement à la demande. Jusqu’à ce que le goût du nouveau public s’élève, la critique, si elle garde encore quelques préjugés de délicatesse, n’a qu’à se tenir à l’écart des transactions et à ne pas fréquenter le marché. Que lui importe que tel producteur envoie chaque matin un volume aux halles centrales de la librairie ? Si ce fabricant ne produisait pas chaque jour, son nom et sa marque seraient oubliés dans vingt-quatre heures. Soyons donc très-libéraux, en fait d’industrie littéraire : laissons faire, laissons passer."
Rien n’est beau que le beau : le beau seul est aimable.
Plus tard, il accueillera le joli, tolérera le vrai, admettra peut-être le médiocre, et n’osera même plus condamner le mauvais. Il prendra dès lors pour devise le mot de ralliement des économistes du dernier siècle :
« Laissez faire, laissez passer. »
Notre époque démocratique a créé tout un monde nouveau de consommateurs littéraires. Il est donc bien naturel qu’il se soit formé du même coup tout un monde nouveau de producteurs de livres. A tant de lecteurs dévorants qui font passer la quantité avant la qualité, il a fallu des auteurs aux manches retroussées, qui travaillent vite et sans cesse, avec l’inconsciente et brutale activité des métiers à la vapeur.
Point de colère donc contre un fait nécessaire qui a pris l’importance d’une loi. Qu’en littérature comme en industrie, l’offre réponde librement à la demande. Jusqu’à ce que le goût du nouveau public s’élève, la critique, si elle garde encore quelques préjugés de délicatesse, n’a qu’à se tenir à l’écart des transactions et à ne pas fréquenter le marché. Que lui importe que tel producteur envoie chaque matin un volume aux halles centrales de la librairie ? Si ce fabricant ne produisait pas chaque jour, son nom et sa marque seraient oubliés dans vingt-quatre heures. Soyons donc très-libéraux, en fait d’industrie littéraire : laissons faire, laissons passer."
"Auguste de Chatillon" in Hippolyte Babou : Les sensations d'un juré. Vingt figures contemporaines. Alphonse Lemerre, 1875.
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