Tête d’or sans nom d’auteur, curieuse édition de la librairie de l’Art indépendant, Paris. – Bien certainement la lecture de la Princesse Maleine a rendu fiévreux M. Chudel ou Cludel ; il fait tour à tour délirer dans les champs, dans un palais, aux confins de l’Europe, des paysans, un empereur, cinq soldats, une Princesse, un Messager, Tous, Tête d’or, quelqu’un, un autre, etc. Des expressions comme celle-ci : « Le bouilli était las d’être mangé en rond ; ils sont morts ». « Le néant morose », etc., pour décrire une bataille victorieuse voici :
« Bougre !
« Des vieillards avec leurs chétifs membres de bois ont fait fuir des centaines d’hommes et des enfant sans barbe ont soufflé au cul des chevaux de guerre. »L’auteur devait haleter en écrivant son drame, car à tout instant, sans rime ni raison, il interrompt sa phrase et court à la ligne ; signe évident d’une agitation des plus graves. Quant à l’édition, elle est en rapport avec le reste ; figurez-vous des épreuves en placard, repliées, tant bien que mal et renfermées dans un carton d’emballage.Comme original, c’est original.
Sobrement signé V.G. ce compte-rendu est de Valère Gille.
Tête d’or parut sans nom d’auteur, à la librairie de l’Art Indépendant en 1890, le tirage en était limité à 100 exemplaires, Claudel avait alors 22 ans, il s’agissait de sa première pièce. Certain exemplaire était revêtu de sa signature, sans doute Valère Gille eut-il du mal à déchiffrer celle-ci.
Le vieil homme se souvient – Francis Jourdain Jours d’alarme. Corrêa, 1954.
Le vieil homme s’étonne de ne plus retrouver le mastroquet dans l’arrière boutique déserte et mal éclairée duquel Sidonie Vaillant lui avait, un soir, parlé de son père. Elle avait dit le drame de sa petite enfance, la noire misère de l’ouvrier poursuivi par la malchance. Elle avait conté l’horrible décision prise de tuer le chat pour le manger, la chasse dans le taudis, l’affolement de la bête traquée et se dérobant, l’affolement de l’homme crispé, haletant, sa maladresse, sa pâleur, son tremblement, les hurlements de l’enfant épouvantée, enfin la taloche, la seule taloche qu’elle ait jamais reçue d’un père doux, soudain parvenu au comble de la rage, au comble de la honte…
Sidonie, toujours - Marcel Schwob dans ses Lettres Parisiennes à la date du16 janvier 1894
On s'intéresse beaucoup à la fille de Vaillant, la petite Sidonie. Il est assez naturel, que le compagnon Sébastien Faure désire l'adopter ou que la Maison du Peuple de Paris offre de la faire élever. Mais on est plus surpris de lire de nombreuses propositions qui émanent de philanthropes improvisés. C'est Mme la duchesse d'Uzès qui ouvre la série. Elle réclame la fille de Vaillant au nom du souvenir de son fils. J'avoue ne pas bien saisir la liaison. Le jeune duc d'Uzès est mort en Afrique pour l'amour de la patrie et de la société que Vaillant a essayé de détruire. Mais Mme d'Uzès a d'autres opinions là-dessus. Et comme elle a le sens très net des castes, elle a décidé que la petite Sidonie serait élevée comme une ouvrière, suivant le système d'éducation qui convient à sa condition. La charité serait peut-être plus grande de ne pas offrir d'adopter dès à présent une petite fille, qui, après tout, a encore son père, et de ne pas l'arracher, sous prétexte d'humanité, aux gens qui l'aiment et qui l'entourent. On aurait sans doute songé à faire parvenir de l'argent à la compagne de Vaillant, afin qu'elle puisse élever la petite Sidonie : mais cette compagne n'est unie à Vaillant que par le mariage libre. Et voilà pourquoi la petite Sidonie trouve tant de protecteurs.
Il existe des exemplaires des Cantilènes sous une couverture imprimée, je n’en connais pas de La Seule nuit, mais il semble bien que la couverture illustrée de la collection à 2 francs, servit à « relancer » la vente de certains volumes des éditions de La Plume. En effet l’illustrateur Ardengo Soffici ne vint à Paris que vers 1902/1903, on peut d’ailleurs lire sous la signature de l’illustrateur les chiffres 902, qui pourraient bien signifier 1902. Ardengo Sofficci, peintre, illustrateur et écrivain, à Paris, travaillera surtout comme illustrateur, grâce à sa fréquentation de la revue La Plume il rencontrera Guillaume Apollinaire, Max Jacob ou Picasso. Retourné en Italie en 1907 Soffici collabore à la revue Voce de ses amis Giovanni Papini et Giuseppe Prezzolini, il fondera en 1913, toujours avec Papini, la revue Lacerba. Retenons qu’il est l’auteur en 1911, d’une des premières biographies sur Rimbaud parues en Italie.
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