Avis
Cette édition offre au public l'œuvre poétique complète, - aussi complète que possible, - de Jules Laforgue.
Les Complaintes parurent en 1885, l'Imitation de Notre-Dame la Lune en 1886, toutes deux chez l'éditeur Léon Vanier et par les soins de l'auteur.
Le 20 août 1887, Laforgue mourrait, âgé de vingt-sept ans.
On sait qu'immédiatement après avoir achevé l'Imitation de Notre-Dame la Lune, il avait composé un nouveau volume de vers qui devait s'intituler : Des Fleurs de bonnes volonté. Avant que la rédaction en fût définitive, il les proposa à Léon Vanier qui se déclara, d'ailleurs, prêt à les éditer. Mais, abandonnant son projet, il sacrifia son livre et, pour parler très exactement, le recommença sous une autre forme.
Il composa d'abord le Concile féerique qui parut dans la Vogue (I, 12-19 juillet 1886) (publication de la Vogue), introuvable aujourd'hui. Puis, ce fut une série de pièces dont la plupart furent données à la Vogue, une à la Revue Indépendante, et une restée inédite.
Il est très important de retenir que le Concile féerique et les pièces suivantes sont faites toutes d'éléments empruntés au volume supprimé Des Fleurs de bonne volonté.
Les Complaintes, l'Imitation de Notre-Dame la Lune et Des Fleurs de bonne volonté étaient, avec pas mal de « licences », écrits en vers réguliers. En reprenant les matières du volume qu'il supprimait, Laforgue adopta bientôt la forme du vers libre.
Peu de temps avant sa mort, Laforgue, qui venait de me confier le soin d'éditer son volume de prose, les Moralités légendaires (Editions de la Revue Indépendante) me demandait d'éditer également ses nouveaux vers. Après sa mort, MM. Teodor de Wyzewa et Gustave Kahn me remirent, en conséquence, les manuscrits de Laforgue qu'ils avaient entre les mains. Avec la collaboration de notre excellent camarade et vieil ami, Félix Fénéon, l'un des plus épris de pure littérature, des plus soucieux et des plus diligents amateurs d'art des hommes de notre génération, j'entrepris, dans les années qui suivirent, l'édition de tous ces poèmes dont, en somme, Laforgue n'avait pas laissé une copie définitive. Nous publiâmes, en souscription, à cinquante exemplaires, une édition contenant Des Fleurs de bonne volonté (1), le Concile féerique et ce qu'à défaut d'un titre, nous appelâmes les Derniers vers de Jules Laforgue. Mais, dans l'avant-propos, nous déclarions :
« Nous estimons que, si la publication d'un texte condamné par l'auteur (Des Fleurs de bonne volonté) est licite dans le présent recueil, dont les cinquante exemplaires s'adressent à un public spécial, elle ne le serait pas (non plus que telles oeuvres de jeunesse qu'il n'a pas voulu publier) dans une édition courante et ne varietur des œuvres de Laforgue. »
Et plus loin :
« Par cette édition à cinquante exemplaires nous avons voulu simplement établir, pour les derniers vers de Laforgue, un rigoureux classement des manuscrits, et reproduire, en les coordonnant, toutes les leçons, presque inextricables, que ces manuscrits fournissent. »
Inutile d'ajouter que cette édition, demeurée entre les mains pieuses qui l'on souscrite, est aujourd'hui absolument introuvable et ne peut plus être consultée qu'à la Bibliothèque Nationale.
Réalisant aujourd'hui le vœu que nous formions en 1890, l'éditeur Léon Vanier offre au public l'édition courante et ne varietur de l'œuvre poétique de Laforgue.Édouard Dujardin.
Il reste aujourd'hui à rassembler, pour donner au public l'œuvre complète de Jules Laforgue :
1° Divers écrits épars dans l'Art et la Mode, la Chronique des arts et de la curiosité, le Figaro, la Gazette des Beaux-Arts, les Hommes d'aujourd'hui, la Revue Indépendante, le Symboliste, la Vie Moderne et la Vogue ;
2° La correspondance dont une partie a déjà été publiée dans Lutèce, l'Art Moderne et la Cravache ;
3° Une suite de notes et de fragments se rapportant à des œuvres projetées, dont quelques-uns sont inédits et quelques-uns ont paru dans les Entretiens politiques et littéraires et la Revue anarchiste.
E. D.
(1) Quelques pièces en avaient paru, mais avec des fautes, dans la Revue Indépendante, avril et décembre 1888.
Ombre pour ombre, Annie Le Brun (2)
Il y a 2 semaines
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