Jean Vinchon auquel est dédicacé cet exemplaire hors commerce d'Itinéraire, était psychiatre, il est l'auteur de nombreux livres sur les maladies mentales ainsi que sur l'histoire de la psychiatrie (1). A son propos Fernand Ferdière (2), connu des lecteurs d'Antonin Artaud, écrit dans Les mauvaises fréquentations : Mémoires d’un psychiatre : « Il avait été l’un des rares psychiatres français à s'intéresser à l’art des aliénés - (...) - et leur avait consacré un livre dans une collection de petit format de l’éditeur Stock. Quand l’ouvrage fut réédité, j’eus la joie d’y trouver un chapitre intitulé: "La schizophrénie selon Ferdière". (..) A sa mort, j’ai hérité d’une partie de sa clientèle: comédiens, peintres, etc »
(1) Quelques titres de son abondante production parmi ceux qui nous ont parus les moins techniques : L'Art et la folie, (1924), et Hystérie (1925) chez Stock dans la collection La Culture Moderne, Mesmer et son secret, A. Legrand, 1936, et en collaboration avec Maurice Garçon Le Diable, étude historique, critique et médicale (1926) Gallimard, Les Documents bleus, n° 29, La Magie du dessin : du griffonnage automatique au dessin thérapeutique, Desclée De Brouwer, 1959, La Gravure et l'art pathologique, Bruxelles, Publications Acta medica belgica, 1964 et dans un N̊° spécial d'Histoire de la médecine en 1958 : En marge des dessins de folies du Dr Paul Gachet.
(2) Sur Ferdière voir : Emmanuel Venet : Ferdière, psychiatre d'Antonin Artaud. Editions Verdier
Quand au destinataire de l'envoi figurant sur Choix de poèmes, nous ignorons tout de lui.
La préface de Paul Jamati, à ce Choix, analyse l'œuvre poétique et les trois livres que Divoire a conservé de celle-ci, Ames, Orphée, Itinéraire, il y trouve une continuité de pensée, une « métaphysique émue » selon la définition de René Ghil, une poésie de la pensée et de la vie, un poète qui tente de réconcilier l'âme et le corps. De la technique il retient que chacun de ces trois livres sont écris dans la forme et le style qui leur conviennent, dans Ames et Orphée, se combinent le vers libre symboliste et le vers régulier, classique. Avec Exhortation à la victoire, Naissance du Poème. Prose symphonique, Marathon et Commentaire du Pater, Divoire voulait « substituer à la mélodie la symphonie », faire entendre « simultanément » les voix, celles des hommes comme celles de la nature. Pour cela et afin d'éviter la cacophonie, afin de rester « audible » et lisible, il dut donner à ses idées une organisation plastique, par la typographie et la mise en page, comme dans Ivoire au Soleil, les « parenthèses » d'Itinéraire, témoignent, elles, d'un soucis de rythmique plus que d'orchestration. Jamati termine sa préface en considérant la place qu'occupe la figure de Divoire dans la poésie. Divoire est-il un poète d'avant-garde au même titre que Marinetti ou Apollinaire ? Jamati semble croire, voyant dans les « modernes » des « poètes de l'inconscient et du hasard », que son « classicisme intérieur » sa simplicité, n'en font pas un auteur d'avant-garde. La réponse est sans doute entre les deux, ou ailleurs... Divoire est original, de pleins pieds dans son époque, attentif à ses questionnements, ses aspirations, ses recherches, il est un novateur qui reste à découvrir.
5 commentaires:
Merci pour cette seconde mise en lumière de Fernand Divoire.
Il existe apparemment un article de Frédéric Mallet sur l'auteur d'Itinéraire : "Divoire ou le lyrisme réfléchi" dans un numéro de 1928 de la Revue hebdomadaire.
Et à vérifier :
Frédéric Mallet aurait participé à la revue L'Œuvre nouvelle (1903-1905) de Henri Dagan
et aurait été secrétaire de rédaction des Cahiers Mécislas Goldberg vers 1900-1901.
Amitiés,
Grégory
Ils sont rares les commentaires constructifs. Merci a Grégory pour ces précisions. Et n'oublions pas de nous rendre sur le blog des Editions Cynthia 3000 (http://www.cynthia3000.info/blog/).
Amitiés.
Bruno
Hélas, Fernand Divoire, journaliste génial, n'a jamais pensé - ou voulu - publier un choix de ses articles. Au fil des revues, on tombe parfois sur ses papiers, et, mes enfants! quel style! Dans "L'Ami du Lettré 1924", un article "Lilas et Caméléon", sur les réunions littéraires à La Closerie des Lilas; dans "L'Ami du Lettré 1926", trois merveilleux articles sur Joseph Delteil, Calixte Nérouze et Camille Flammarion; dans "L'Ami du Lettré 1929", un article sur Luc Durtain. Je me demande dans quel journal il publiait ses articles... En tous cas, grosse admiration de ma part. François Forestier.
Divoire a collaboré au journal L'Intransigeant, il faudrait chercher de ce côté.
je travaille sur la biographie de Maxime Nemo (1888-1975) où collaborait Divoire de l'Instransigeant ainsi que Louise Lara du groupe Art et Action dans les années 20.
je trouve chaque jour des poèmes ou lettres adressés à F.Divoire dans mes recherches. Ils ont pu se connaître chez Copeau et Jouvet dès 1913 où Nemo jouait .Je recherche toute lettre ou mention de Nemo dans cette période, car ils semblaient très liés. Merci à vous.
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