lundi 25 octobre 2010

Jean de La Hire : Incestueuse. 1901.


Jean de La Hire : Incestueuse. Offenstadt frères, 1901, 236 pages. Photographies hors texte.

[...] Une transformation s'est faite en moi à votre égard... Certes, du premier jour où je vous ai vue, je vous ai toujours aimée, comme une sœur, et maintenant, je vous aime d'une autre manière... (p. 38)


Ils se laissèrent aller sur le canapé et restèrent longtemps aux bras l'un de l'autre, immobiles, apeurés par la formidable poussée mystérieuse qu'ils sentaient en eux et qui troublait leur existence, les faisant désorientés, incapables de trouver du plaisir à leurs occupations ordinaires, rêvant d'amours romanesques qu'ils ne savaient pas transporter dans leur vie... (p. 46)


Pendant les trois mois écoulés depuis son arrivée au château, Blanche avait beaucoup lu ; elle avait appris, mais appris seulement son ignorance d'une chose sur laquelle les romans sont d'ordinaire pas très précis, qu'ils indiquent vaguement et craignent d'expliquer et de décrire comme ils font d'un phénomène de l'âme ou d'un paysage de la nature. (p. 50 et 53)


Jacques et Blanche formaient ainsi un couple pittoresque et charmant où la mâle robustesse du jeune homme était d' un harmonieux contraste avec la grâce légère de la jeune fille (p. 60)

Les jeunes gens vivaient dans une extérieure tranquillité. Jacques dont le corps, un peu plus calme, se formait peu à peu, était tout aux exercices physiques, Blanche restait calme en apparence, mais rongé au dedans par la Curiosité, le Désir et l'Amour [...] (p. 109)

Blanche !
Dans une lueur rouge, il la vit qui, en un élan d'extraordinaire et pieuse passion, couvrait de ses baisers et de ses larmes les genoux luisants de Jésus en croix. Une infernale jalousie bouillonna dans la chair et dans le cœur de Jacques : elle fut un formidable ressort qui se détendit tout à coup et le lança sur sa sœur comme un instrument d'amour et de vengeance
- Blanche !... Tu l'aimes, cet homme immobile et laid ! Tu l'aimes, tu l'aimes !...
Il râlait ; une écume blanche dégoûtait de ses lèvres. Il était devenu fou. Il enleva sa sœur dans ses bras, la battit, lui déchira les vêtements.
Et comme elle se dérobait, lui échappant, il saisit, dans une rage insensée, un lourd chandelier de cuivre qui se trouvait sur l'autel à porté de sa main, et l'abattit de toutes ses forces sur la tête de Blanche. (p. 232)


Le soir même, des paysans rapportèrent au château le cadavre de Jacques. Il s'était tué en tombant dans un précipice. (p. 235)

Roman illustré par la photographie : En Bombe de Willy.

Edwards Paul. Roman 1900 et photographie (les éditions Nilsson/ Per Lamm et Offentstadt Frères). In : Romantisme, 1999, n°105. L'imaginaire photographique. pp. 133-144.

1 commentaire:

AdoréFloupette a dit…

Vraiment, là, vous faites fort...